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influence incontestable sur la jeunesse franęaise de l'epoque (nous parlons de la derniere decennie du XIXcsiecle).
Combien de recits dans lesquels se trouve entretenu le lyrisme de la con-quete et celui de l'exploration, mele a l'evocation minutieuse des terres lointaines, de leur paysage, de leur florę, de leur faunę, des moeurs etranges de leurs indigenes, - mele bien souvent aussi a l'emerveillement encore inentame devant les possibilites de la science, “maisons a vapeur”, machines volantes, engins sous-marins...! Combien de jeunes heros a la moustache hardie et a 1’esprit entreprenant, debrouillards et gouailleurs et qui se trou-vent lances sur tous les chemins du monde, pionniers de l’Aventure, du Drapeau et de la Civilisation. L'historien de la sensibilite ne saurait negliger cette litterature. Plus sans doute que toute action deliberee de propagandę, elle a contribue a modeler un etat d'esprit, a diffuser certaines images ct a orienter certains reves.414
Toutes ces activites deployees par des groupes d'intellectuels con-quierent 1'opinion franęaise qui devient de plus en plus favorable a l'ex-pansion franęaise Outre-Mer : le terrain le plus important. L'avis des Franęais a ete gagne et, ce qui n'est pas sans importance, la jeunesse semble s'enthousiasmer pour les voyages dans les pays lointains, poussee a ces periples non seulement par les romans de Jules Veme mais aussi par d'autres ouvrages. Analysant le comportement des jeunes Franęais en Afrique conime Auligny ou des jeunes militaires composant le corps militaire dans les nouvelles d'Eberhardt, lesquels sont desenchantes non par le continent africain mais par le systeme colonial franęais impose sur un territoire ou son application est loin d'etre ideale, il serait diflflcile de negliger 1'influence des lectures de Veme qui avaient probablement tra-vaille 1'imagination de ces jeunes gens;
Auligny, est [...] un jeune Franęais nourri de l'Appel aux armes et du Voyage du centurion. La colonie, en 1'occurrence le Maroc, il veut y servir car 1'Empire fait partie du destin de la France.415
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C'est juste a cette epoque-la que Louis Bertrand arrive a Algcr (1891)eprouvant
une vive sympathie pour la cause des colons d'Algerie, n'approuve pas pour autant les theses les plus reactionnaires, quoique certaines de ses options
4.4 Ibid., p. 119.
4.5 P. Sipriot, Montheriant, op. cit., pp. 94-95.