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son mirage et l'extreme alteritć (par rapport a 1'Alger civilise) qui tentent Rafael. Son ami Philippe explique la raison du choix de son metier vers la fm du roman et cette explication s'accorde avec 1'objectif de Rafael, bien que ce demier avoue son impossibilite d'exprimer de faęon concise les memes motifs :

Philippe reprit aussitót:

Je suis plus vieux que toi, Rafaelete! [...] eh bien ! crois-moi, il n’y a pas de plus beau metier que le nótre. II est dur; c'est le plus dur de tous; mais je suis librę, parce que j'aime mon mćtier. Et puis je respire dans le Sud, tandis que j'etouffe a Alger; je marche; je dćpense ma force; je vois du nouveau tous les jours. Et il y a encore autre chose que je ne peux pas te dire..., le pays, l'air, le soleiL., [...]

[...] dans tout ce que Philippe disait du metier, il reconnaissait des choses que luF-merne pensait confusement et qu'il n'avait pas su exprimer jusque-la.⁴⁵®

La presence de Philippe, garęon franęais cultivć, parmi de simples charretiers comme Rafael peut etre surprenante, mais le propos de Philippe, affirme par son camarade Rafael, explique le sens de leur cohabitation, car ce qui les unit c'est le sentiment de liberte lić a 1'amour de leur mćtier evidemment, mais aussi la sćduction du Sud algćrien exercee sur eux et difficile a exprimer meme par Philippe; les points de suspension en sont la preuve. Encore une fois nous observons la confrontation de la civilisation et de la naturę sauvage, non souillee par 1'industrie, la modemite; 1'attrait du non-civilise apparait, s'il s'agit de Rafael surtout, comme une sorte d'atavisme, une tentation indeftnie mais trop forte pour ne pas y succom-ber. La ville reste visiblement confrontće au monde primitif car

la ville [...] est 1'antithese de 1'euphorie primitive, [...] son image est fondee par les symbolismes theriomorphe, nyctomorphe et catamorphe. Son anima-tion est en effet a l'evidence agressive. Comme la foret, elle engloutit les hommes dans ses tenćbres, mais a la diflference de celle-ci, le grouillement qui la caracterise est pire que celui de ranimalite.⁴⁵⁹

Selon cette perspective, tous les risques dus au climat rude du Sud algćrien s'avćrent moins penibles que les inconvenients de la vie citadine. Le choix du metier de galerien que fait Philippe qui lit des livres k ses camarades, choque aussi ces demiers, mais dans la reponse de Philippe est contenue toute 1'antinomie entre le modę de vie dans une ville et celui mene par des rouliers toujours tres proches de la naturę : ^4,a L. Bertrand, Le Sang des Races, op. cit., p. 237.

⁴⁵⁹J.-M. Moura, L'Image du tiers monde dans le roman franęais contemporain, op. cit., p. 223.