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reflet du ciel en prose. Toutefois la plus grandę partie d’entre eux ćtaient presąue complćtement nus, et leurs dos, leurs jambes et leurs bras constituaient une grandę nouveautć pour nos yeux, ac-coutumćs a ne rien voir autre que notre bateau et Pimmensitć, vide de vie, cjui nous avait entourćs pendant de longs jours. Les muscles des bateliers saillaient fortement sur leur petite charpente. Ils avaient presque tous — du moins ceux qui ćtaient jeunes — de fins poignets, des mains dćlicates et le cou d’une formę ćlćgante. Les pieds semblaient larges, avec des orteils tres carrćs. Ils attendaient avec anxićte pour aider a charger le charbon et a dćcharger, et bientót nous les vtmes commencer leur travail, portant de grandem charges tout en causant le plus joyeusement du monde. Autour de nous se jouaient les plus petits bateaux, avee les rameurs debout et godillant leurs batelets. Alors le bateau marchand vint a toute vitesse vers nous, ses rameurs debout se courbant et se relevant, leurs cuisses se contournant et leurs mollets se raidissant, les lćgers vetements qu’ils portaient flottant comme des ćcharpes, de telle faęon que nos char-mantes missionnaires furent obligees de se dćtourner. . . .
“ Mais les crćatures humaines ne sont pas une nouveautć, menie au Japon; ce qui est absolument nouveau est la lumiere, sa blancheur, sa nuance argentće laiteuse. Nous y avons pćnćtrć comme par une
porte ouverte apres quatorze jours de traversće a travers le Pacifique----
Je me suis demandć en moi-meme, s’il ćtait possible d’ćprouver des sensations aussi nouvelles, des sentiments aussi complćtement frais et nouveaux de clioses que je connaissais presąue tcutes avant mon dćpart, si nous ćtions venus par toute autre voie ou par toute autre direction. Tel quel, tout ce Japon est une rćvćlation soudaine. Rćcemment nous vivions chez nous, enfermćs dans un navire, nous mouvant au milieu de notre propre civilisation, quand soudainement, sans transition, nous voila lancćs au milieu d’une civilisation nouve!Ie. Et sous quels splen-dides horizons, dans ąuellc atmosphere pleine de contrastes ! On dirait que le ciel dans ses variations est le sujet d’un grand dramę apres lequel nous cherchons, ou au moins son grand choeur. La beautć de Fair et de la lumiere, voilA ce (pic je dćsirerais pouvoir dćcrire ; mais cc serait presone essayer de se rendre compte des pensćes d’un autre, de dćcrire la clef dans laąuelle on joue.n
La visite douaniere au lt English Hatoba,” ou place de dćbanpiement, est plus stricte depuis que le J.^pon e«f dcvenu un pays ultra protec-tionnistc, et inaugura son nouveau tarif iur les importations en 1899 ; les cameras sont soumises a un droit d*entrće, et le to*;riste photographe amateur a souvent lieu de regretter de se mettre en ćvidence lorsqu’il se livre a ses premiers essais photographiąues. Incidemment, il y a lieu de faire remarquer que la grandę humidite de 1’atmosphere em-peche le succes de photographies instantanćes, et les kodaks ont besoin d’etre baissćs me me pour assurer le succes des nćgatifs de figures mouvantes. Une exposition suffisante est seule nćcessaire au Jajioii.
Une douzaine de jinrikishas s’avancent prćcipitanunent, et les coolics laissent tomber les timons, se forment en cercie et vous invitent A prendre place sur le siege confortablement bonrrć du minuscule vćhi-cule. Les sensations que Ton ćprouve lors de la premiere promenadę
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