XIV.
Quand lcs steamers cle la Compagnie du Pacifiąue ont fait escale h Kobć et passe la Mer Intćrieure, a une journee de distance de Nagasaki, a travers les eaux troubles de la Mer Jaune se montre une ligne brune et basse, Parete extćrieure, la DE YOKOHAMA bordure la plus ćloignee de cct ancien et mystćrieux ench*ne. continent asiatiąue; le vćritable Cathay. Plus pres encore, les arbres se montrent sur 1’eau comme par nn mirage, puis des mats de navires et des trainćes de fumće annoncent la riviere invisible dćroulant ses mćandres derriere ces arbres. Des jonąues avec leurs voiles brunes lacóes passent, de grands yeux peints sur leurs avants, car “Si je n’ai point dkjcil, comment pourrais-je voir?” et leurs ćipiipages mal-propres, au visage martial, porteurs de la queue traditionnełle, surgissent des litieres de nattes et de bambous. Le long des rives se trouvent des villages anx murailles hautes, et les buffles aqnatiques a la peau lisse se vautrent dans la boue qui les entourc. Les champs sont tellement par-semćs de tombes rondes en formę de fourqu’ils ressemblent a un gigan-tesque village de chiens de prairie, dans lesque!s les travailleurs sont dissćminćs partout.
Les leviers de la station de signalement a rembouchure du Yangtse-Kiang s’agitent, le tćlćgraphe annonce la nouvelIe de Parrivće du navire a Shanghai, et bientbt les chaloupes se detachcnt pour le rencontrer a la barre de Woosung. Ceci est la Barriere Celeste, que les Chinois ont rendue plus effective que jamais, durant la guerre avec la France en 1884, en submergeant des jonques chargćes de ])ierres dans les chenaux, a l’exception d’un seul, fort ćtroit et peu profond. II y a vingt ans un chemin de fer circulait de \\'oosung a treize milles de Shanghai, niais les Chinois 1’acheterent a un prix fort elevć, briserent les rails et les jeterent avec les locomotiees dans la riviere.
Apj)rochće de la riviere, la colonie et rangę re, la plus importante de Pextreme Orient, la mćtropole commerciale du Nord de la Chine prć-sente une apparence imposante. Les constructions niassives en pierre d'une hauteurde six ótages s’alignent shanghai. le long du Bund, et les constructions variees et impo-santes (les consulats allemand et japonais sont alignćos du cótć de Hong-Kew, Pancienne colonie americaine. De Pautre cotó du pont jetć sur la crique se trouvent les jardins publics, le parć entourant le consulat britannitpie et le ceutre commercial de la citć. Plus loin, en face du pont, se troment les quais et les rues du quartier fran-ęais, dont les enseignes bleues et blanches placóes au coin de chaque rue semblent etre des coins de Paris nieme.
Lłhótel Astor et Phótel des C!olonies sont les principaux de la ville. Le Club est situe sur le Bund, dans le quartier anglais, et il y a le Country Club a quelque milles de distance sur la route du “Bubbling Weil," auquel les dames sont ad mi ses aussi bien que les hommes, oti ton te personne appartenant A la socićtć se rend en etć pour jouer a la pannie, aux bals de Papres-midi. aux representations et aux bals de la saison d’hiver. Les conrses du printemps et dc Pautomne organisćes par le Jockey Club attirent les foules de tous les endroits, et de grandes sommes d’argent changent de proprićtaires. La vie sociale a Shanghai est formaliste, exigeante, ćlaborće et extravagante.
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