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Contrairement a Juan J. Linz et Alfred Stepan ainsi qu’a Mark R. Thompson ayant qualifie le regime tchecoslovaque de post-totalitaire figę, nous croyons, suivant Herbert Kitschelt, que le rćgime socialiste tchecoslovaque a pris la formę d’un « communisme bureaucratique-autoritaire71 » : «a form of political rule that coincides with a relatively advanced stage of Capital intensive industrialization and relies on a technocratic governance structure that tolerates no political diversity . » Un tel rćgime est gouveme par un professionnalisme bureaucratique au service d’un leadership rigide et d’une discipline de parti stricte, qui laisse tres peu de marge de manceuvre a Popposition, gćnćralement victime d’une importante rópression de la part du regime. Le rógime socialiste roumain pourrait, quant a lui etre qualifie de
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«communisme (nćo)patrimonial », voire de rćgime «sultaniste» , un terme emprunte a Max Weber, utilise pour designer une formę particulierement extreme de patrimonialisme:
71 Le terme de rćgime « bureaucratique-autoritaire » a d’abord ćtć conceptualisć pour l’Amćrique latine et transposć k 1’Europe socialiste par la suitę. En fait, plusieurs ont proposć que le concept s’appliquait mieux au contexte socialiste europćen qu*& l’Amćrique latine. Voir Robert R. Kaufman. 1979. « Industrial Change and Authoritarian Rule » dans David Collier (dir.), The New Authoritarianism in Latin America, Princeton: Princeton University Press, pp. 165-253. Voir aussi Herbert Kitschelt et al. 1999. opcit.
12 Herbert Kitschelt et al. 1999. op citp.26.
73 Les notions wćbćriennes de « patrimonialisme » et d’«autoritć patrimonialc» ont ćtć utilisćes de manićre cxtensive dans la littćrature sur les rćgimes (le concept est particulićrement utilisć dans les recherches portant sur les rćgimes africains), mais en raison des diffćrences entre le patrimonialisme «traditionnel» auquel rćfćrait Weber et les Etats modernes au sein desquels une logique « patrimoniale » est k l’ccuvre, le prćfixe « nćo » est gćnćraiement ajoutć au concept lorsque celui-ci est appliquć aux « systćmes politiques modernes » . Le nćo-patrimonialisme dćsigne ainsi un hybride de deux types de domination wćbćriennes, soit une formę d’autoritć (ou parfois de rćgime), au sein de laquelTe des dynamiques patrimoniales coexistent, et empićtent sur, des institutions rationnelles-Ićgales. Pour une discussion de ces enjeux conceptuels dans le contexte africain, voir notamment Annę Pitcher et al. 2009. « Rethinking Patrimonialism and Neopatrimonialism in Africa », African Studies Review, vol.52, no.l, p.130.
74 Si le terme peut sembler dćnoter une connotation orientaliste, le concept de « sultanisme » a atteint une importante reconnaissance dans la communautć scientifique et a ćte utilisć pour qualifier des rćgimes un peu partout dans le monde, comme le ZaYre, le Venezuela, les Philippines, Tiran, HaTti, la Roumanie et le Nicaragua. Voir H.E. Chechabi et Juan J. Linz. 1998. « A Theory of Sultanism 1: A Type of Nondemocratic Rule » dans H.E. Chechabi et Juan J. Linz (dir.), Sultanistic Regimes, Baltimore: The John Hopkins University Press, pp.5-8.