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lucratifs contrats de sćcurite et de reconstruction303. Cette corruption et ces multiples conflits tribaux decoulent en grandę partie de la politiąue, de 1’argent et des armes americaines offerts dans le cadre de YOperation Enduring Freedom (OEF) americaine304. L’OEF oeuvre donc souvent a contre-courant des objectifs de 1’OTAN et du Canada. Ces demiers font pourtant tous la guerre a d’autres groupes independants de moudjahidines. Cette opposition est unie sous une alliance de quelques leaders charismatiques reunis par 1’objectif commun de mcttre fin a Foccupation ćtrangere. Parmi les plus connus figurent le mollah Mohammed Omar, le maulvi Jalaluddin Haqqani ou, dans une moindre mesure, le chef d’une faction du parti islamique (Hezb-e-Islami), Gulbuddin Hekmatyar305. Tous - a Fexception d’Hekmatyar- ont
profere un serment d’allegeance envers le commandeur des croyants (Amir al-Mouminine),
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FEmir Mohammed Omar. Ceux-ci esquivent les incursions de drones americains dans Fespace aerien pakistanais et se reunissent a Quetta, Miran Shah ou Peshawar pour discuter de la guerre afghane pendant qu’une nouvelle genćration effectue « le retour des talibans306 » sur les deux fronts de 1’imaginaire frontiere entre 1’Afghanistan et le Pakistan. La lutte armee est menee par une veritable constellation de groupes agissant de maniere locale et autonome. II n’existe pas de structure hierarchique permettant de lier directement un acte violent a un ordre ćmis par Pun des principaux leaders. Au contraire, il s’agit de reseaux de groupes aux interets divergents s’etant meme dej& affrontes lors de la guerre civile (1992-1996).
Les militaires canadiens ont toujours conscrve Fambition de sćparer les « insurges307 » du reste de la population. Ils considerent ces opposants armes comme des ćtrangers differents de la population308. Malheureusement, cette distinction est souvent artificielle. Par exemple, dans un village du district de Panjwayi, questionne sur la presence de «taliban », les habitants repondent: « We are the Talibanm ». Un rapport statistique
WJ Tom A. Peter, « A changing of the guard for Afghanistan's warlords (27 octobrc 2010) », The Christian Science Monitor, 2010.
m Sarah Chaycs, op cit.
JOi II s’agit des principaux leaders et non d’une listę exhaustive. A cette alliance de circonstance s’ajoute la tribu des Mcshud luttant contrę Islamabad.
m Ahmed Rashid, Le retour des Taliban, Paris, Editions Delavilla, 2009, 379 p.
ł07 Nous utiliserons cc terme avec precaution, il appartient a unc logique coloniale qui refuse toute reprósentation politique k plusieurs groupes de Pachtouncs conservateurs. Nous ferons un bref survol plus loin des divers termes utilisćs par le Canada pour designer les opposants qu’il affronte en Afghanistan.
08 Ken Lewis, et al KPRT0368: Same benchmark, new approach - Deh-e-Bagh on day 15, divulgue en vertu de la loi sur Paccćs d Pinformation rcnscigncments non classifićs, juin 2009,4 p.
109 Murray Brewster, The Savage War: The Untold Battles of Afghanistan, Mississauga, John Wiley & Sons Canada Ltd, 2011, p. 208. Un village de Nooreai.