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Monseigneur Ic dit dans sa lettre-prćface & 1’auteur,
« un trćsor pour les historiens *.
Si vous voulez vous faire une ame du passć. vous aimcrez h lirę ce livre. Dans la longuc galerie des per-sonnages qui ont tenu en mains la crosse abbatiale du Relec, vous rencontrerez des fils d’authenlique noblesse bretonne comme Le Goal^s de Mezaubran. Conan de Kerenborgnc, Pierre de Kerleau, Loys d’Acigne, fils du seigneur de la Roche-Jagu, Christophe de Carne, seigneur de Crćmeur ; des ćv£ques en fonctions, comme d’Argenson, archeveque de Bordenux, de Genc-tinnes, ćvćque dc Liniogcs ; et aussi des ćirungers a la Bretagne, nieme a la France, des Italiens et un Irlandais. Plusicurs cumulaient des benćfices a l'epc»-que de la commende. M. Pćrcnnćs s’arrótc avec complaisance devant quelques figures qui ont eu un role plus important dans 1'histoire, tel Renć de Ricux, ćvćque de Leon, prelat dislingue et bienfaisant et qui fut mele a de graves ćvćnements politiques.
D’aprcs le droit, les ubbćs qui nc residaient pas devaient etre remplacćs par des prieurs claustraux. Mais lors de ieurs visites ils jouissaient de droits honorifiques. Quand l’eveque de Blois, Nicolas Bar-bier, obtint le Relec en commende et sc presenta au monastere il fut haranguć par le prieur. Ce discours, oii 1’hyperbole s'ćtalc sans mesure, nous est donnć in-extenso.
I/abbe percevait une partie des revenus, le tiers, sur lesquels revenus il devait acquitter les charges et faire les reparations nćcessaires. Tel etait le droit, et, cn elTet, nous en voyons 1'application dans un contrat du 27 Septembre 1741, par lequel PabW, M. de Lan-sac, fait un bail & vic avec les religieux representes par Dom Pierre Ruffin, superieur - commissaire de Tabbaye. En vertu de ce contrat, il s’engage ^ verser annuellement aux moines la soinmc de 12.300 !ivres : c’etaicut bien les deux tiers des rcvenus puisquc, d’aprćs 1'Almanach Royal, 1’abbaye passait pour rap-portcr dc 20 k 22 mille.livres, selon les annees. M. de Lansuc prend k son con>pte les dćcimes ordinaircs et cxtraordinaires, capitations, subventions, dons gra-tuits et autres taxes, tant qu’ellcs n’excćderont pas 1.800 livres par an. Ce qui, soit dit en passant, prouve bien que 1’Eglise n’ćtait pas exemptc d’impóts sous 1’ancicn rćgimc. Par le nieme contrat, les moincs se chargeaicnt de 1’entrctien de 1’abbaye, des menues comme des grosses reparations, k la rćserve des cas oii le dommage scrait cause par le feu du ciel, les gens de guerre ou 1'inccndic. Si le seigneur abbć vient les visiter, ils devront le loger et Ic nourrir, lui, ses domes-tiques et ses chevaux, quatre jours de 1’nnnee. Dans les coupes de bois extruordinaires, deux parts sont attribućes k 1’abbć, une seulc aux religieux.
Mais c’ćtait nu prieur qu’incombait plus directc-ment radministration temporelle et spirituellc du monastćre. M. Pćrennds nous raconte 1‘histoire d’un prieur modele, Dom Jean-Baptiste Moreau, bachelier en theologie de la Facultć dc Paris, qui arriva au Relec le 4 Fćvrler 1680 ; il y ćtait encorc prieur en 1715 apr£s quclqucs interruptions. Cet homine remnrquable, qui ćtait destinć a devenir prieur dc Citeaux et syndic generał de POrdre en Ile-de-France, entreprit et exćcuta de nombrcux travaux de rćfec-tion. A son arrivee, la chapelle ćtait noirc < comme un jen dc paume », les religieux n’avaicnt pour sićgcs que des pierres, noires et humides ; nul lambris ni dans la chapelle ni dans le dortoir : de petites cham-bres 5 l’antiquc et des fenetres a la capucinadc ; la voute du cloltre placće entre deux rangs de petites colonnes pretes k tomber, etc., bref un ćtat delabre. M. le Prieur lit Iambrisser la chapelle, blanchir tout le chapitre, faire de grands banes, rebitir le dortoir, renouveler les escaliers. la charpente, achever 1’orgue, relever deu.\ cótes du cloitre avec de belles et grandes