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ou 1’opposition centrale est celle des dominants et des domines, des ex-ploiteurs et des exploites, un rapport dialectique de haine et de fasci-nation.

La haine est fondamentale et primaire. Elle ne devient haine amou-reuse que par la fascination que les dominants exercent sur les domines, a partir de 1’impossibilite pour ces derniers de les vaincre. Jus-qu’aux Negres, la puissance des dominants est inebranlable et absolue. Rien ne peut la vaincre: on ne peut tuer Madame, dans le Balcon la revolte est vaincue, seuls les Negres introduisent 1’espoir et la possi-bilite de vaincre les exploiteurs. Mais cette victoire ne deviendra realite que dans les Paravenłs. Comme 1’ecrit Goldmann:

»L’action de ces pieeces se deroule ainsi dans un univers sta-tique et insuffisant, un univers dont 1’insuffisance est cependant compensee par le fait que les domines s’identifient dans un ri-tuel imaginaire soit aux dominants, soit a des domines qui serai-ent capables de mettre fin par la violence a cette domination. C’est ainsi que les valeurs que les hommes ne sauraient trouver, dans leur essence pour ainsi dire pure et platonicienne, dans la realite peuvent etre realisees par les domines dans 1’imagination et^seulement dans l’imagination«.⁵⁹

Dans les Bonnes, Claire joue Madame et Solange joue Claire. Dans le Balcon de petits employes jouent un eveque, un juge, un generał. Dans les Negres, les noirs jouent au balcon les Blancs, et, sur la sc&ne, en bas, le meurtre imaginaire d’une femme blanche. Dans les Para-vents, avant que la revolte n’eclate, Said joue au fiance, charge de cadeuax, et c’est Wanda - devenue prostituee parfaite - qui permet »aux opprimćs de ritualiser dans 1’imaginaire le rapport poetique et intensement vecu de 1’homme avec la femme«.⁶⁰

Tel est le decor dans lequel se situe 1’action de tout le theatre de Genet.

Goldmann s’est surtout attache a analyser les structures de plu-sieurs de ces pieces. Ainsi l’univers de Haute Surveillance apparait-il comme relativement simple: c’est 1’homologue de la societe bourgeoise, telle qu’elle veut etre, mais affectee de signes contraires. Au centre se trouve 1’amour mais homosexuel, la valeur et la reconnaissance sont fonction du caract^re dangereux de la vie menće, mais Thóroisme est rheroisme du mai: c’est le crime et 1’assassinat qui entrament la con-damnation et l’execution. Toute la pi^ce est dominee par une morale romantique mais un romantisme du crime. L’elite est seulement in-versee: c’est 1’ensemble du proletariat non intćgre a la societe.

L’univers des Bonnes est plus structure, moins romantique et plus proche de la realite. Gest un univers divise: d’une part les puissants, vivant dans le mensonge et le bavardage, mais immuables (Madame et Monsieur), d’autre part les Bonnes, authentiques, vivant intensć-ment, haiissant et admirant leurs maitres. Cet univers est ćtonnamment complexe, tout y est a la fois negatif et positif, la seule valeur authen-

^s» S. M. p. 809.

®^# S. M. p. 309.

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