7 Comptes rendus 205
co recueil d*inscriptions nous ravit par 1’abondance des documents et par l'exactitć scrupu-leuse des transcriptions et du comraentaire. Dans un pays ou les ćtudes d'6pigraphie grecquO et latine ont une belle tradition, le projet de publier un corpus des inscriptions mćdićvales n*a commencć k 6tre rćalisć qu’en 1965 par un premier volume, consacrć k la ville de Bucarest et suivi,une trentaine dannćes aprós, par ce recueil. Cependant, l*activitć de copier ces inscriptions est beaucoup plus ancienne, ce qui a obligć Tćditeur k passer au crible rćcits de voya-geurs et notices d*antiquaires, ćparses dans des revues locales. L'usage que cette enqu£te a fait de 1’ćrudition ecclćsiastique est allć jusqu’h depouiller de vieux mćmoires de licence en thćologie qui n'avaient pas 6t6 jugćs dignes d'impression. II n'est donc pas rare de voir ci ter ♦ P&storul ortodox*, «N&zuin{a* ou Monografia comunei Silifteni (fostd Bumbuefti). A part ces rćfćrences qui supposent un travail extrfcmement patient, M. BSlan a contrólć et rectifić les copies de ses prćdćcesseurs par un examen personnel sur le terrain, ce qui signifie qu'il a sillonnć en tous sens, k vćlo ou mfime k pied, le territoire de Tancien district d*Arge$.
II y a un dśsavantage 6vident k adopter comm2 critóre d'enregistrement la loca-tion actuelle d’une pierre ou d'un objet: cłest ainsi que certaines inscriptions en provenance d'autres rćgions sont óditćes dans ce voIume parce qu'elles se trouvent au Musće de Piteęti. Une carte eftt permis de mieux localiser les limites du district. Sur un total d'environ 1200 textes 6pigraphiques, une douzaine reraontent au XIVe siócle — mais ils appartiennent tous au mfeme monument — il y en a seulement quatre du XVe siacie et une trentaine du XVle. On remarque encore une forte inćgalitć entre le XVII6 siacie, avec k peine soixante-dix inscriptions, et le XVIII6, oii Ton constate plus de trois cents. Parfois, on se trouve dans la situation d’avoir une inscription assez rćcente, qui a 6tć ajoutće lors dłune restauration, tandis que le monument est beaucoup plus ancien (le cas de l*ćglise de V&rzaru, servant k prćsent de chapelle au cimetifcre du village).
La vari6tć des ćpigraphes est impressionnante: ce sont des obituaires, des textes de fondation, des ćpitaphes ou des graffiti. Le plus cćlćbre est sans doute celui qui a notć la datę de la mort de Basarab, le premier connu des princes de Valachie. Mais Toriginalitć et rint6r6t de plusieurs autres mćritent d'ćtre soulignćs, A Curtea de Argeę et k Ruda, cer-tains graffiti sont des «essais de plume n indiquant l'existence d'une ćcole de « grammai-rienst. L'un d’eux a griffonnć malicieusement: «Tudor, mon pauvre enfant, je vais te tirer les cheveuxl t A Bucę&nepti, une inscription conserve le souvenir d'une visite pastorale du mćtropolite Nćophyte en 1747. Une ćpitaphe de Budeasa Marę rappelle que Mitrea le pane-tier a ćtć assasinć en 1744 (sans autres dćtails). Ailleurs, on parvient, gr&ce aux renseigne-ments fournis par des pierres tombales, k prćciser la gónćalogie des boyards Rudeanu (k Ruda et k FlhmAnda-Golicea) ou ceiie d'une autre lignće du XVI6 si&cle, les seigneurs de Cepari. Le plus bel exemple, k ce propos, me semble Tidentification de quatre, sur cinq, gćnćrations de la familie R&tescu. Si Dumitraęcu, p6re de Barbu (+ 1734) est aussi le p£re d*Enache, comme il est vraisemblable, ona, d*un cótć, les noms des enfants de Barbu: Maria, Despina, Vitoria, Andrei et Mihai (ce dernier ćtant le grand-p£re de Grigore, ayant v6cu de 1805 k 1840), de Tautre la parentć des deux fils dłEnache et de Catrina. Le premier, Gheorghe, 6-pouse Maria; leurs enfants sont Toma et Catrina, ainsi que cinq autres, morts en bas clge: Radul, Anca, Safta, Marinca, Uinca. Le second, Toma, a eu de son mariage avec B&laęa les enfants suivants: Maria, Toma, Constantin, Gheorghe, Catrina, Joifa. A la mort de sa fem-me, en 1752, il se remarie et sa seconde ćpouse, Safta, d&s 1'annće suivante, sera reprćsen-tóe dans la peinture de 1'ćglise de Borle^ti, oh figurent tous les merabres de la familie, sans
omettre la dćfunte B&laęa. Cette information abondante provient de G&lclteęti et de Borleęti, deux ćglises de campagne.
Les inscriptions sont des documents qui renseignent sur la vie quotidienne aussi bien que sur des 6vśnements importants pour la communautć paysanne. Par exemple, k Teleęti, on a la listę de ceux qui ont payć pour refaire le toit en bardeaux de Tóglise du viliage. Une croix de pierre k Moęoaia porte tćmoignage sur un grand proces que les paysans sont par-venus k gagner: 1'arrót du Conseil Princier qui dćcide qu’ils ne seront jamais serfs, mais qu'ils demeureront aussi libres que leurs ancćtres, a 6tć gravć sur cette croix; comment mieux mesurer les rapports agraires en Valachie k la veille des rćformes de Constantin Mavrocor-dato? Et Tćpitaphe possće par Serban Cantacuzino en 1695, k Bascove (Ursoaia), sur la tombe de sa femme et de sa filie, atteint un lyrisme funfcbre, qui nous touche plus que les textes
littćraires de la mfcme 6poque.
Signalons brifcvement Tintórót de ce volume pour Thistoire des relations avec le Sud-Est europćen. L'un des graffiti de Curtea de Argeę avec lemme et photo, p. 254 et fig. 24 c) semble 6tre une rćfćrence k Thćodora, la seconde femme du Tzar bulgare Ivan Alexandre, car, sinon, qui pourrait fctre la princesse juive (fOsp^HKd rocnojK^a)? On notera ćgalement des