212
Comptes rendus
14
paration du coup d*Etat napoi ćonien. L’6ditóur du texte nous fait remarąuer que cette critiąue de Rousseau doit ótre examinóe k travers le prisme du libćralisme du XIXC siacie, tel que le formula Benjamin Constant, suivi par Emile Faguet et Lóon Duguit.
C*est k VEncyclopłdie que 1’auteur grec voue son admiration, pour Tampleur de son rayonnment au XVIIIe siacie, la jugeant t le catóchisme des siócles modernes, Tinstrument de la gónóration des penseurs. • Kazazis gardę donc toute son objectivit6, sans accepter la criti-que defavorable des intellectuels franęais de droite au dóbut du XXe siacie. II reconnait aussi le róle de catalyseur de Diderot et de d*Alembert, ainsi que de leurs collaborateurs. Aux Physio-crates il reproche de ne pas avoir saisi Timportance 6conomique du travail, telle que Ta ćtablie Adam Smith.
Coinme Edgar Quinet, Kazazis róduit le bonapartisme au jacobinisme et le considóre Tenfant b&tard de la Róvolution. Malgró le gónie militaire de Napolćon — qu*il ne pouvait pas ne pas lui reconnaitre — Kazazis tmuve que le bonapartisme est condamnable par son centra-lismeadministratif, iuadmissible pour ses vues individualistes. Le Codę civil n*est pour lui qu'une creation des thóories des Lumióres, de Foeuyre des lćgislateurs de la Róvolution Franęaise.
Une place importante est accordóe dans son ouvrage k la Restauration. Malgrć sa criti-que pour le retour en arrióre qu*elle a marquó, il lui reconnait ses mćrites dans les progres ethi-ques et civilisateurs de la France k cette ópoque. Entre autres, il mentionne l’6veil de Topinion publique et Tapparition de la presse, % le principal facteur du triomphe de la libertó d’esprit en France. •
L’un des aspects les plus saillants de son analyse de la Róvolution est celui de ses prolon-gcments id6ologiques. Le socialisme surtout et ses ramifications, c'est-4-dire les thóories politi-ques auxquelles il s’est familiarisć pendant ses ótudes eu Allemagne. II situe les óvónemeirts de 1789 dans l*óvolution historique des idćes socialistes depuis l’Antiquitó jusqu*& la fin du XIXC siacie. Si jusqu’alors le socialisme n*avait en que le caractóre et les tendances d’une róve-rie ou d*un principe politique pragmatique, k partir de la Rćvolution il commence k ótre ótudió en tant que thóorie scientifique. Parmi les successeurs de 1’idóologie róvolutionnaire — Robert Owen, Saint-Simon, K. Marx et Lassalle — Kazazis s*arróte k la personnalitć et k l’oeuvre de R. Owen, en insistant sur 1’influence de Rousseau sur sa pensóe. II reconnait k Karl Marx et k Ferd. Lassale la qualitć de t vóritables apótres du socialisme •, qui ont fait descendre le socialisme de la sphóre thćorique sur le terrain de Factmtó politique. Mais il ne manque pas de faire la critique des thóories 6conomiques marxistes. La personnalitć marquante du courant est, pour le penseur grec, Ferd. Lassalle, auquel il attribuejla fondation du parti socialiste en Alle-lliagne, mais aussi les dćbuts d*une dómagogie socialiste.
Parmi les interprćtations originales de Kazazis de la Rćvolution Franęaise, il nous faut rappeler sa thóse sur 1’ćcole historique du droit de Savigny, auquel il reproche, en 1878, son attachement au droit romain, qui remp&che de comprendre les changements dus k la Rćvolu-tion dans le domaine du droit. II critique aussi l’ćcole historique du droit de mćconnaitre la dynamique sociale et le prestige du facteur humain dans Thistoire.
Kazazis dćdie le plus clair de son analyse k la póriode qui suit 1793, en prćsentant la chute finale de 1’esprit rćvolutionnaire par le Jacobinisme. Sa critique se situe dans l’optique de rindividualisme et son opinion est que l’individu, aprćs avoir conquis son entitć morale avec la Dćclaration des droits de Thomme et du citoyen, voit ensuite ce statut annulć par le gouver-nement absolu de la Terreur et ensuite du bonapartisme.
Le centre de sa thćorie est la critique libćrale du Jacobinisme, la confrontation de Tindi-vidualismede 1789 avec la dómagogie de 1793, qui laisse voir le róle dócisif que jouent les points de vue de Taine sur sa perspective historique.
En ce qui concerne le caractóre de Yapproche psychologiquet jugće par Kazazis comme ćtant insćparable de la mtthode historique, il fonde cette opinion sur la thóorie óvolutionniste du progrós et de Tamólioration de l’esp&ce humaine. Mais tant son penchant pour Vindividua-lisme que Tapproche psychologique 1’óloignent de Tinterprótation sociologique de la Róvolution Franęaise, 1’obligent k rejeter toute explication reposant sur des assises sociologiques.
Bień entendu, le libćralisme de Kazazis — qui dirige ses opinions politiques tout au long de sa carrióre — s*ćtend aussi k son effort d’affirmer Yidentiti culturelle de YHellSnisme. Les notions d*individu et de libertć indiWduelle, ćlćments components du dynamisme politique libćral, sont ćgalement apparentćs k l*idće de rHellćnisme, car la renaissance de la Gróce con-stitue la consćquence et la suitę naturelle de l’ćvolution culturelle de 1’histoire europćenne dans sa marche vers la suprćmatie des idćaux libćraux. L*Hellćnisme se situe pour lui de manićre organique dans la civilisation de 1* Europę occidentale, ne reprćsentant pas une entitć culturelle isolće. II ne voit pas une crise d*identitć, ni une opposition entre 1’hellćnisme et Teuropóanisme, Son obsession d*un centre national qui puisse rassembler dans une mfime communautć d*esprit tous les Grecs est une dórivation des droits nationaux de l*individu et de la libertó. C*est pour-quoi il voyait dans FUniversitś nationale d’Athónes le principal facteur pouvant ranger Thelló-