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386 COMPTES RENDUS 14

L’historien turc Mukrimin Khalil ^s a cependant montrć que plusieurs documents de la collection Feridun sont des copies d’actes redigćs k la fin du XII^e siacie sous le regne des sultans du Khwarezm.

Aprćs lui, des savants tels que Oleśnicki,^{1 2} Fr. Babinger³ et P. Wittek⁴ ont con-testć Tauthenticitć⁵ d’autres documents mais sans soumettre Tensemble de Touvrage k une analyse approfondie.

Malgrć les discussions suscitees, le probleme Feridun subsiste et il ne pourra etre rćsolu qu’aprćs un examen attentif des recucils dhncha (inśa) conserves dans les bibliothćques turques, ainsi que Ta tres justement fait remarquer Irćne Beldiceanu-Steinherr.

II s’agit donc pour Tauteur de faire la critique de ces documents afin de dćpartager les textes authentiąues des faux. Ces derniers ne sont cependant pas depourvus d’intćret, vu que certains d’entre eux s’appuyent sur des faits rćels, ou sur des sources disparues, sauvant de Toubli des dćtails et des noms ignorćs par Thistoriographie ottomane, tandis que d’au-tres « reflćtent Tesprit d’une epoąue » (p. 45). Pour mener k bien ce travail, Tauteur a eu recours k deux procćdes : la critique du formulaire et la critique de la teneur.

La premićre s'est averee souvent impossible par suitę du manque d’actes dont Tauthenticitć ne soit pas sujette a caution. La seconde amplement prćsentee dans Tćtude qui prćcćde Tanalyse des actes constitue la partie la plus importante et la plus originale de Touvrage et sur laquelle nous nous proposons dhnsister par la suitę.

Malgrć leur naturę si differente, ces actes posent des problćmes tres importants sur les dćbuts de TEtat ottoman, sur lesquels Irene Beldiceanu-Steinherr nous apporte des vues nouvel-les de naturę k reduire k des proportions modestes le róle des premiers sultans ottomans.

L’auteur part de la remarque trćs juste qu’& Tćpoque d’Osman et d’Orkhan la structure de TEtat ottoman ne diffćrait pas de celle des autres ćmirats seldjoukides d’Anatolie. L'Etat ćtait le patrimoine de la familie dont les membres choisissaient le chcf, un « primus inter pares * (doc. 5, 6, 16), tout en se rćservant le droit d’intervenir dans les ąuestions importantes.

A cette ćpoquc eloignće, TEtat ottoman ćtait placć sous la dćpendance de Tempire ilkhanide. Ge fait, que laissent entrevoir seulement les documents du recueil Feridun, tandis que les chroniąueurs ottomans, animćs du dćsir de glorifier les modestes dćbuts de la dynastie ottomane le passent sous silence, a ćtć prouvć par la dćcouverte d’un manuscrit contenant le budget de Tempire ilkhanide pour Tannće 751 H (11 mars 1350 — 28 fćvrier 1351).

Dans l'expansion ottomane, Tauteur distingue trois ćtapes. Osman, simple chef de elan, dont TEtat se limitait k la rćgion de Sogut, rćussit k ćlargir les frontićres non seulement aux dćpens des Byzantins — comme le font croire les anciennes chromques ottomanes — mais aussi aux dćpens des beys voisins de la rćgion d’Inonii, d’Eski Shehir de Mudurnu. Pour s’assurer la possession des rćgions conquises, Osman dut obtenir la reconnaissance de Til-khan dont Tautoritć s’ćtendait sur TAnatolie. La nomination d'Osman comme gouverneur d’une marche-frontićre sous la tutele de Tilkhan reprćsente la seconde ćtape, dont on ne

1

   Mukrimin Khahl, Feridun bey munchaati (La collection d'actes de Feridun), dans « Ta’rikh-i Osmani Endjumeni Medjmu’asi * (Istanbul 1923 — 24), fasc. 63 — 77, p. 161 — 168, fasc. 78 (nouvelle sćrie), p. 37 — 46; fasc. 79 (n. s. 2), p. 95 — 104 ; fasc. 81 (n. s. 4), p. 216 — 226.

2

   A. A. Oleśnicki, Dua turska falsifikata XVI stoljecc o kosouskom boju (Dcux documents

3

tures falsifićs du XVI^e sićclc relatifs k la bataille de Kossovo), dans « Serta Hoffilleriana », 2agreb_t1940, p. 495 — 512.

4

   Fr. Babinger, lieitrage zur Fruhgeschichte der Tiirkenherrschaft in Rumelien. 14—15. Jahrhundert (Brno —Munich —Vienne, 1944).

• P. Wittek, Zu einigen fruhosmanisch°n Urkunden, dans * Wiener Zeitschrift fur die Kunde des Morgenlandes *, t. LVII p. 102-117 ; LVIII p. 165-197.

5

   Les ćtudes rćcentes donnent k penser que ces critiques ćtai^nt exagćrćes ; cf. Mordtman, Mćnage, dans L'Encycloptdie de 1’Islam, Leyde, 1964, p. 902.