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Comptes rendus
siennes et montrer comment et pourquoi, aprós une pćriode conquć-rante ou la lecture recrćative ótait un loisir neuf pour les enfants, on assiste a une crise de croissance et k une pćriode de mutation ; il semble qu’il n’y ait plus de place, dans les annćes 1890, pour les mai-sons trop spćcialisees dans le livre pour enfants.
Meme s’il n’a jamais atteint, dans 1’ćdition enfantine, 1’ampleur qu’il a connue dans 1’edition pour adultes, et bien qu’il soit, par voca-tion, limite, le livre k caractóre bibliophiłique est cependant une des composantes de la littórature d’enfance. On le trouve le plus souvent sous la formę du livre d’etrennes. Annie Renonciat retrace cette his-toire du «livre d’art» et donnę quelques profils dtóditeurs.
Mais qu’est devenue cette littórature, si abondante au XIXC siacie ? C’est la question que pose Isabelle Nidres quand elle parle de « bibliotheque absente » : elle manifeste 1’urgence qu’il y a, en France, a róćditer les ouvrages anciens, si ł’on veut conserver notre mćmoire et notre patrimoine. En effet, mis k part quelques auteurs comme la comtesse de Segur, Hector Malot ou Jules Veme, qui n’ont jamais quitte les terres de 1’enfance, que sont devenus les auteurs k succes du XlXe siecle qui, pour plusieurs d’ entre eux, eurent une lon-gevitó editoriale de plus d’un sićcle ? Depuis quelques annćes, plusieurs maisons d’edition (Gallimard, Flammarion, 1’Ścole des loi-sirs...) s’interessent a la question et proposent des róćditions k l’identique, pour rehabiliter ces auteurs quelque peu oublies.
Enfin, Segolene Le Men tente, pour sa part, de comprendre 1’essor d’une formę editoriale inćdite, celle de 1’album pour enfants, de le situer dans le contexte de 1’histoire de Fillustration et, tout particulić-rement, lors du toumant romantique qui annonce 1’age d’or du Second Empire.
Six articles sont plus spćcialement consacrćs aux contenus de cette litterature d’enfance. Ainsi en est-il de Tarticle consacre aux Contes de Perrault par Catherine Velay-Valentin, qui constate que Tenfant est retenu comme une entite a part entićre k partir du moment ou 1’ecole lui confere son identitó. Aprós un historique des Contes, elle nous montre comment le colporteur, en contribuant k dćve!opper une pratique elementaire et familiale de la lecture, a jouć un role majeur, non seulement dans Palphabćtisation des populations mais encore en favorisant une meilleure entróe de 1’enfant & 1’ćcole.
Isabelle et Carl Havelange s’intóressent, quant k eux, aux formes du regard dans la littórature a l’usage des demoiselles au XVIIIC sićcle. II en existe un apprentissage róvćlateur de la place respective attribuće aux filles et aux garęons : que ce soit en termes de relations sociales ou d’acquisition des connaissances, au moment ob le regard est dorntó par excellence comme P instrument de la dścouveite et de