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Comptes rendus
J. Verger et C. Charle ont ecrit en premier lieu une histoire institu-tionnelle, en recherchant les caracteristiąues communes aux institu-tions, qui permettaient de les designer comme universites. Toutefois, conformement aux developpements de la recherche sur 1’histoire des universites au cours des demieres decennies, les auteurs ont toujours pris en compte les facteurs extemes, politiques et sociaux, qui ont influence cette histoire. L’intervention gouvemementale, de plus en plus penetrante, occupe une place importante dans le livre, ainsi que le recrutement social et les effectifs des etudiants, et le role de l’uni-versitó dans la mobilite sociale.
J. Verger explore d’abord le succes de l’universite au Moyen Age, et s’attarde sur la crise qu’elle a connue pendant 1’Ancien Rćgime. Bień que la crise, qui se caracterise par une sclerose de 1’enseigne-ment et une chute des effectifs, soit indeniable dans sa genćralite, elle ne se manifeste pas partout simultanement et avec la meme force. J. Verger nuance ce lieu commun historique dans divers passages. II remarque avec raison que la crise de l’universite se noue surtout autour de « 1’image meme que s’en faisait la societe du temps et des fonctions qu’elle lui assignait » (p. 51). C. Charle decrit 1’histoire des universites apres la Revolution a 1’aide des deux modeles universi-taires qui ont eu le plus de succes et 1’influence intemationale la plus considerable : le modele allemand (qui domine au XlXe siecle) et le modele americain (preponderant au XXe siecle). Le modele allemand se definit surtout par la position importante de la recherche scienti-fique ; le modele americain, par 1’enseignement superieur de masse. Pour C. Charle, les deux modeles constituent la reference pour les divers systemes universitaires nationaux.
On peut dire que cette Histoire des universites est une synthese reussie, malgre le cadre limite d’un Que sais-je ?. II est cependant regrettable qu’une place plus importante n’ait pas ete accordee a l’expansion du systeme universitaire en dehors du monde Occidental; les deux Ameriques sont abordees ainsi que T Australie et 1’Inde, mais FAfrique et de larges parties de 1’Asie sont negligees alors qu’on y trouvait deja des rudiments universitaires avant 1940. Le titre du paragraphe « L’occidentalisation des systemes extra-europeens » n’est pas justifie : en effet on n’y apprend rien sur le systeme originel de rćducation japonaise, par exemple, tandis que les universites de I’ Amerique du Sud ne peuvent etre considerees comme non-occiden-tales. Par ailleurs, une carte de la diffusion mondiale de l’universitć aurait ete bienvenue, d’autant que, dans la premiere partie, une carte de ce genre reprćsente son expansion europeenne. Une demiere remarque concerne F« Orientation bibliographique », a la fin du livre : meme s’il s’agit simplement d’une orientation destinće a un public franęais, 1’absence de titres ecrits en d’autres langues que le