204 Comptes rendus 6
sence des esclaves tziganes au nord du Danube d&s le XIV*sifccle, sinon plus tót. Ilest oiseux de spćculer sur la mention d*un Tzigane nommć « Vlach t k Ragusę en 1362, car Vlach est un prenom chrćtien, prćcisćment celui du saint protecteur de la citó.
Les rćformes du XIXe si&cle sans rćussir k rendre plus efficient TEtat ottoman, ont certainement fait la vie dure aux habilants de la Bośnie. Une longue póriode de r6voltes endć-miąues aboutit ci la nomination d*Omer-pacha comme gouverneur. Lorsąue celui-ci arriva en 1850, il s’6tait d6j& distinguć en Valachie par son róle dans la suppression de la rćyolution de 1848. Ceux qui s’intćressent ci sa personnalitó devraient ćtudier les mćmoires dejosef Koets-chet, le mćdecin suisse qui fut tćmoin des annćes 1860— 1870 k Sarajevo. Vient ensuite l*6po-que de 1’administration austro-hongroise, avec sa bureaucratie et ses ćcoles, avec ses chemins de fer et la modernisation des routes que le voyageur franęais Ami Bouó avait dćclaró « ex6-crables *, mais qui, soixante ans plus tard, ćtaient devenues les meilleures d’Europe. Peut-£tre eut-il fallu aussi signaler, toujours au credit de cette administration si critiquće,la publi-cation des Wissenschaftliche Mittheilungen aus Bosnien und der Herzegowina, d'ailleurs abon-damment citćs dans la bibliographie. Une figurę remarquable est celle de Benjamin von KAllay, 1’historien et horame d’Ćtat qui s’6tait opposć en 1869 k l’annexion de la Bośnie et qui, ayant plus tard k gouverner cette province, s’acquitta de sa t&che avec diplomatie et fer-metó. Cest lui qui, pour contrecarrer les propagandes nationalistes serbe et croate, s’efforęa de dóvelopper une identitć bosniaque, premiórement conęue pour les sujets musulmans de Fran-ęois-Joseph.
Une fois la Bośnie rattachće au nouveau royaume des Serbes, des Croates et des Slo-vónes, il y aura pendant l'hiver 1918—1919 des jacqueries contrę les proprićtaires terriens musulmans. Car, sous 1’Ancien Rćgime, la grandę niajoritć des paysans ćtaient serbes (ortho-doxes) et naturellement hostiles aux begs. Cest \k le principal problćme, social et non religieux ou ethnique, de la Bośnie du XIXe siacie, comme l'avait bien saisi Charles Diehl (dans ses im-pressions de voyage, inexplicablement absentes de la bibliographie de ce livre: ce texte a ćtć ensuite inclus dans le recueil d’articles intitulć En Młdiłerranee). Mais ce millier de morts dans un conflit civil, ces 270 villages pillćs, c*est dejk un prćcćdent troublant par rapport k ce que nous allons voir se passer dans ce malheureux pays.
Les observations de Noel Malcolm sur la Yougoslavie entre deux guerres confirment ridee d'une analogie entre les mćthodes et la conception de gouvernement de Stojadinovitch et celles de G. T&tiirescu (une autre comparaison pourrait ćtre tentće aussi justement entre Ma-Ćek et Maniu).
Les racines du present se trouvent dans la situation crćee par 1’occupation et par la Rćsistance: en 1943, le Conseil National Antifasciste dćclarait que la Bośnie ćtait habitće « par des fragments des nations serbe et croate, ainsi que par les Musulmans bosniaques i. La nayrante histoire de la guerre civile est racontće avec une rare objectivitć (voir 1’ćpisode des pourparlers entre Tito et les Allemands en 1943). Le volte-face de la politique britan-nique, lorsque Churchill fut persuadć k abandonner Mihailović sur les faux rapports des offi-ciers de liaison envoyćs auprćs de Tito, a dćjtl ćtć dćnoncć par Noel Malcolm dans le « Spec ta tor ♦.
Finalement, le partage de la Yougoslavie et ranćantissement de la Bośnie sont ana-lysćs dans des pages pćnćtrantes qui n*ont du journalisme que le rhythme rapide et l'ćlan d’une in /estigation passionnće, mais qui appartiennent k 1’histoire. La conclusion en est nette: la responsabilitć pour cette catastrophe doit reyenir au gouvernement de Belgrade et k l*aveu-glement des politiciens occidentaux, tel qu*il s’est manifest^ par les actes de lord Carrington et autres nćgociateurs d’une inconcevable superficialitć. Le jugement de Tauteur est justement sćvćre pour les erreurs commises par les diplomates, surtout britanniques. A lirę le bilan de tant de mćprises et de crimes, on ne peut s’empćcher de se poser la question: comment le nouvel Etat serbe, agrandi par des moyens deshonorants, retrouvera-t-il jamais une justification morale?
Andrei Pippidi
CONSTANTIN BALAN, Inscripfii medievale fi din epoca madernd a RomAniei. Judeful istoric Argef (sec. XIV — 1848), Editions de TAcademie Roumaine, Bucarest, 1994, 643 p.
Lord Byron est-il jamais venu k Curtea de Argeę? Un voyageur du XIX° siacie prć-teudait avoir remarqu6 sa signature sur une colonne, parmi dautres graffiti. Mćme si l’oa n'en sait toujours pas plus sur cette visite du poóte, que ses biographes ignorent naturellement,