Programme 2: Identit�s
" Parler de ses origines
Question: Vous avez toujours v�cu ą Commentary: Symbole historique,
" La maison des esclaves: Point-ą-Pitre? les c�lebrit�s viennent souvent s'y
mus�e de la libert� recueillir, comme ici le Pape.
Simone Sablon: J'ai v�cu ą Pointe-ą-
" La Guadeloupe: r�sum�
Joseph N'Diaye: Pour lui, c'�tait
Pitre de 7 ans jusqu'ą 19 ans.
des continents
�videmment un pŁlerinage, parce
que quand il a visit� cette maison, il
Michelle Socrier: J'ai toujours v�cu ą
a dit, il a demand� pardon ą
Parler de Point-ą-Pitre. Maintenant, j'habite ą
l'Afrique. Pourquoi? Parce que vous
la campagne.
ses origines
n'ignorez pas qu'il y a beaucoup de
Am�d�e Despointes: J'ai v�cu au
missionnaires catholiques qui �taient
d�but en Martinique jusqu'ą l'�ge de
męl�s ą l'esclavage. Qu'ils soient
mon pŁre est d'origine africaine
11 ans, et ą l'�ge de 11 ans je suis
Alex Fal�m�: Mon pŁre est d'origine noirs ou blancs, je vais droit au but.
parti en M�tropole, en France, faire
africaine.
J'insiste sur la s�paration des, des
mes �tudes.
ma mŁre est n�e en Guadeloupe
familles, parce que des fois, dans
La maison
Evelyne Ufens: Alors, ma mŁre est n�e
cette maison, il y avait toute une
en Guadeloupe. des esclaves:
famille, le pŁre, la mŁre et l'enfant,
mus�e de la libert�
s�par�s. �a c'�tait atroce.
Question: Est-ce que vous
Et vous avez ce couloir qui
connaissez l'origine de votre famille?
Commentary: Comme tous les
conduisait vers ce que j'appelle
matins Joseph N'Diaye se rend sur le
Alex Fal�m�: Si, si, je connais
aujourd'hui la porte du voyage sans
lieu de son travail. Il est conservateur
l'origine de ma famille. Mon pŁre est
retour. Ils partaient d'ici sous des
d'un mus�e particulier: la maison des
d'origine africaine.
num�ros matricules, jamais sous
esclaves ą Gor�e au large de Dakar.
leurs noms africains, ils perdaient
Francine Thomyris: Mon grand-pŁre
leur identit�. A partir donc de cette
Autrefois on entassait dans cette
qui est libanais, j'ai une grand-mŁre
porte, pour ces esclaves c'�tait
b�tisse des esclaves, avant le grand
qui est indienne, j'ai un grand-pŁre
'adieu l'Afrique'. Quand ils arrivaient
d�part vers les Am�riques. Rare
qui descendait des Chinois.
dans les plantations, ils optaient pour
esclaverie conserv�e dans tout le
Question: Oł vos parents sont-ils
le nom de leur propre ma�tre blanc.
S�n�gal, elle est aujourd'hui un
n�s?
Lą aussi, c'�tait ridicule.
symbole.
Evelyne Ufens: Alors, ma mŁre est
Commentary: Les visites termin�es,
Joseph N'Diaye: Toute l'histoire du
n�e en Guadeloupe, donc ici, et mon
Joseph continue ą travailler.
S�n�gal et d'Afrique est concentr�e
pŁre est n� en France, ą Nice.
dans cette petite �le de 900 mŁtres
Joseph N'Diaye: Je suis poŁte dans
de long sur 300 de large. Un touriste
Simone Sablon: Mon arriŁre grand-
mes heures creuses. Pourquoi, je
ne peut pas visiter le S�n�gal sans
mŁre �tait esclave, et elle a couch�
fais �a, parce que je suis impr�gn�
faire Gor�e, c'est pas possible, c'est
avec le ma�tre blanc, et y a eu ma
du pass� de mes ancętres. Je vis
pas possible, il n'aura rien fait alors.
grand-mŁre, puis y a eu ma mŁre, et
l'�poque de mes ancętres, horrible,
puis y a eu moi.
c'est horrible.
Commentary: Depuis 1960 la maison
accueille chaque ann�e plus de
En tant que S�n�galais, Africains,
30 000 touristes, re�us par le ma�tre
Dire oł
nous n'avons pas de rancS
ur.
des lieux.
vous avez v�cu
Seulement, ce que je dis, nous
pardonnons mais nous n'oublierons
Joseph N'Diaye: L'�le de Gor�e �tait
jamais, jamais, trois siŁcles de
j'ai v�cu ą Point-ą-Pitre le centre de transit le plus important
Simone Sablon: J'ai v�cu ą Point-ą-Pitre.
s�vices, trois siŁcles d'humiliations,
d'Ouest Afrique. Et l'effectif dans
�a s'oublie pas, �a s'enterre pas
cette maison variait entre 150 ą 200
je suis arriv� ą Dakar
facilement.
esclaves, hommes, femmes, enfants.
Ibrahima N'Diaye: Je suis arriv� ą Dakar
Au milieu de la cha�ne une grosse
aprŁs mon bac.
boule trŁs lourde que l'esclave �tait
Parler de
je suis parti en M�tropole
oblig� de porter. Et voilą que le
son pays
Am�d�e Despointes: Je suis parti en
hasard nous a permis de trouver
M�tropole, en France.
enfouie dans cette maison une de
ces boules authentifi�e dix-huitiŁme
c'est ętre fiŁre de soi
siŁcle dont le poids est de dix kilos
Fatou Sy Deme: S�n�galaise d'abord.
Question: Vous avez toujours v�cu ą
trois cents.
C'est ętre fiŁre de soi.
Dakar?
Eh bien des fois, je me demande ętre accueillant
lbrahima N'Diaye: Non, je suis arriv�
Ndeye Oury Ndaw: Etre d'abord
comment pouvaient vivre ces
ą Dakar aprŁs mon bac.
accueillant.
marchands europ�ens en haut avec
Ousmane Diallo: Non, j'ai fait mes ce qui se passait en bas. En vous
un petit pays mais un grand peuple
�tudes sup�rieures au Maroc. laissant �videmment le soin de faire
Joseph N'Diaye: Le S�n�gal est un petit
le parallŁle. pays mais un grand peuple
1
je me sens d'abord guadeloup�en
Question: Qu'est-ce que �a veut bien dig�r� ce problŁme, le problŁme
Philippe Dauberton: Je me sens d'abord
dire, pour vous, ętre S�n�galais? de l'esclavage, je crois que c'est �a.
guadeloup�en ...
Ndeye Oury Ndaw: Etre d'abord Commentary: L esclavage touche la
ensuite antillais-fran�ais
accueillant, ętre ouvert ą toutes les communaut� noire mais ne touche
Philippe Dauberton: ... ensuite antillais-
autres civilisations. pas forc�ment d'autres
fran�ais, et ensuite fran�ais.
communaut�s, comme les Indiens.
Fatou Sy Deme: S�n�galaise,
AprŁs l'abolition de l'esclavage, la
Question: Comment sont les
d'abord, c'est ętre fiŁre de soi.
France pour sauver l'industrie
Guadeloup�ens?
sucriŁre a fait venir de ses comptoirs
Oumar Diagne: Comme la l�gende,
d'Asie, 42 000 Indiens. Ici, prŁs de
Simone Sablon: Ils sont accueillants,
c'est-ą-dire c'est des gens trŁs
Saint-Fran�ois, la communaut� se
et ils sont trŁs chaleureux.
accueillants, c'est des gens trŁs
r�unit de temps en temps. Une
courtois, c'est des gens aussi trŁs
Evelyne Ufens: Ils aiment bien la vie,
communaut� aujourd'hui int�gr�e,
tol�rants.
en g�n�ral, ils sont un petit peu
comme l'explique Ernest
susceptibles, de temps en temps.
Ousmane Diallo: Ils aiment le
Moutoussamy, �crivain.
dialogue, ils sont pacifiques.
Wilfred D�monio: Ils sont joueurs, ils
Ernest Moutoussamy: Alors,
sont męme enfants presque.
Joseph N'Diaye: Le S�n�gal est un
l'int�gration a �t� trŁs difficile, trŁs
petit pays mais un grand peuple et
longue, mais je pense pouvoir dire
Philippe Dauberton: Bon, nous
nous en sommes trŁs fiers.
qu'ą l'heure actuelle, elle est
aimons bien vivre, nous aimons faire
termin�e. Aujourd'hui, c'est une
la fęte, �a c'est s�r, nous sommes
Parmi la population qu�b�coise, il y a
communaut� qui se dit avant tout
de bons gaulois.
74% de personnes d'origine fran�aise
guadeloup�enne.
et 4% d'origine britannique. Les
premiers habitants, les autochtones,
Question: Vous vous sentez fran�ais
Commentary: Certaines traditions
repr�sentent aujourd'hui seulement
ou antillais?
indiennes sont indissociables de la
1%.
Guadeloupe. Le curry, par exemple,
Philippe Dauberton: Je me sens
appel� ici Colombo, est le plat
A vous de trouver la
d'abord guadeloup�en, ensuite
r�ponse: national de l'�le. Au fil des ann�es, la
antillais-fan�ais, et ensuite fran�ais.
Pour combien de
Guadeloupe s'est concoct� une
personnes ętre
identit� forte, ą l'image de sa cuisine:
qu�b�cois, c est parler
La Guadeloupe:
parfum�e et �pic�e.
fran�ais?
r�sum� des continents
Ernest Moutoussamy: On est une
Question: Pour vous, �a veut dire
petite �le, vraiment minuscule, mais
Commentary: Jour de confirmation ą
quoi, ętre qu�b�coise?
le peuple guadeloup�en aujourd'hui
Pointe-ą-Pitre. La Guadeloupe est
est vraiment un r�sum� de tous les
Line Corneau: Pour moi �a veut dire une mosa�que oł les couleurs se
continents.
beaucoup, c'est vraiment, je suis m�langent. Et ici la religion est ą
qu�b�coise, je parle fran�ais, je suis l'image de ses habitants: m�tiss�e.
PŁre Hamot: Il y a une rencontre
fiŁre de mes origines. Pour le PŁre Hamot, la Guadeloupe
particuliŁre dans, dans un lieu
est l'ile de toutes les croyances.
particulier. Donc, cette identit�, elle
Jean-Philippe Chevarier: C'est une
est particuliŁre.
langue, c'est une culture, c'est la PŁre Hamot: On croit aussi bien en
fiert� d'avoir gard� le fran�ais, je J�sus-Christ qu'on croit en
Glossary
pense, en Am�rique du Nord Magn�m�, qu'on croit aux sorciers,
arriŁre grand-mŁre great-grandmother
entour� d'anglophones. qu'on croit aux forces occultes. Donc
elle a couch� avec she slept with
c'est toute une recherche, toute une
bac = baccalaur�at final exams
Colette Blanchard: Pour moi, ętre
inqui�tude qu'il y a dans le cS
ur
en M�tropole to (mainland)
qu�b�cois, �a veut dire ętre
męme du Guadeloup�en qui n'est France
francophone, et �a veut dire d'ętre
pas encore adulte, on se demande si �tudes sup�rieures higher education
quelqu'un qui aime beaucoup son
se rend sur le lieu goes to (his place
ce n'est pas encore un �ternel
pays.
de son travail of) work
adolescent.
au large de off the coast of
Jean-Claude Germain: Mais on est
Commentary: Presque tous les
entasser to pack in
d'abord des nord-am�ricains, on
membres de la communaut� noire accueillir to welcome
n'est pas des europ�ens, on est des
sont les descendants d'un esclave. le ma�tre des lieux master of the
nord-am�ricains, on est d'ici, et puis,
house
Des esclaves tir�s d' Afrique qui ont
on a une fa�on de faire qui est bien
I'effectif total
donn� ą la Guadeloupe la base de
ą nous.
enfoui(e) buried
son identit�.
un pŁlerinage pilgrimage
Le fran�ais est important PŁre Hamot: Vous savez, le męl�s ą I'esclavage involved in slavery
pour trois personnes num�ros matricules serial numbers
Guadeloup�en, c'est pas l'Africain,
heures creuses spare moments
ce n'est pas le Fran�ais. Bon, il a le
impr�gn�(e) du imbued with the
derriŁre entre deux chaises, donc le
pass� past
Guadeloup�en cherche son identit�
Parler de
les autochtones native inhabitants
dans la rencontre de ces deux-lą. Et
son identit�
chaleureux warm
on va encore, je pense qu'on va
susceptible sensitive
encore courir longtemps jusqu'ą ce
antillais-fran�ais French West
chaleureux
qu'on trouve vraiment son identit� et
Indian
Simone Sablon: lis sont trŁs chaleureux.
tout cela, c'est certainement d� au
m�tiss�(e) Mixed
susceptibles fait qu'on n a peut-ętre pas encore
la croyance faith
Evelyne Ufens: lis sont un petit peu
I'industrie sucriŁre sugar industry
susceptibles.
comptoirs trading posts
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