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de son organisation. Le resultat finał ne refletant pas 1’objectif initial des acteurs, chacun est force de marchander. Si cette definition rigide de la politiąue bureaucratiąue est maintes fois critiąuće, c’est en partie parce qu’elle tente de s’imposer comme une loi. Toutefois, depuis la parution d'Essence of Decision, plusieurs etudes de cas demontrent que Timportance de ce jeu de pouvoir depend en grandę partie de 1’intćret ou du dćsinteret que porte le decideur politique envers 1’enjeu en question. Plus son interet est grand, plus il est en mesure d’imposer sa representation du probleme, de la solution appropriee. II impose donc sa vision et la politique ćtrangere qui en dćcoule63. A l’inverse, un faible interet laisse ouverte la conduite de la politique ćtrangere par les bureaucraties concurrentes64. Cet interet du decideur peut dćpendre de contraintes tant intemationales qu’intemes65. La dynamique rćsultante peut alors etre la concurrence, la negociation ou une pluralite de positions66. Si cette dynamique est la concurrence, un groupe terminera en position dominantę; si c’est la negociation, ce sera en fin de compte 1’unanimitć, le compromis ou le cul-de-sac; et finalement, si c’est une pluralitć, ce sera un simple amalgame des diverses positions.
Ainsi, 1’Ćtat, acteur unitaire des thćories dominantes des Relations intemationales, est remplacć par plusieurs acteurs qui peuvent inclure le chef d’Etat, les representants de l’executif, les hauts fonctionnaires, les organisations de contróle et de coordination ainsi que des acteurs extemes . Afin de comprendre 1’action de ces divers acteurs, 1’analyse centree sur la politique bureaucratique doit identifier les canaux d’action utilises, c'est-a-dire 1’ensemble des procedures normalisćes qui visent a produire une categorie specifique
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d’action . Dans le cas etudie, cette categorie est la politique ćtrangćre.
63 Margareth Hermann et Joe Hagan, « International Decision Making: Leadership Matters », Foreign Policy, numero 110, 1998, p. 124-136.
M Pour un cadrc d’analysc pcrmcttant dc trancher qui parmi le dćcidcur, les groupes ou une coalition de divers groupes est prćpondćrant dans une decision donnće, voir les etudes prćsentees par Margaret Hennann et Joc Hagan, « Leaders, Groups, and Coalitions : Understanding the People and Processes in Foreign Policymaking », International Studies Review, Special Issue, volume 3, numero 2,2001,250 p.
65 Sur le sujet de la relation entre les objectifs intemes ct extemes de la politiquc ćtrangćre, voir Robert Putnam, « Diplomacy and Domestic Policy : The Logic of Two-Level Games », International Organization, volumc 42, numćro 3, 1988, p. 427-460.
w Charles F. Hermann et al., « Rcsolve, Accept, or Avoid: Effccts of Group Conflict on Foreign Policy Decisions» dans Margaret Hermann et Joe Hagan, « Leaders, Groups, and Coalitions: Understanding the People and Processes in Foreign Policymaking », op cit. p. 133-168.
*7 Allison met le chef d’Etat et les reprćscntants politiques de son exćcutif dans la catćgorie des acteurs majeurs et les bureaucrates et les organisations subordormees dans celle d’acteurs mineurs. Les termes ne denotent pas une hierarchisation de leur importance dans la prise de dćcision, mais leur position relative entre le centre de la dćcision et sa misę en ceuvre. Si les premiers decident des principes genćraux, les seconds organisent les dćtails de cette misę en oeuvre.
48 Graham Allison et Morton Halperin, op cit. p. 45.