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diffćrences a noter. Au sein d’un gouvemement, il existe des idees dominantes concemant la place qu’occupe le pays dans le monde et ce que devrait etre son interet national et la politique ćtrangere qui en dćcoule74. Contrairement aux theses du realisme classique, 1’interet national sera considere comme conęu autant par les decideurs que par les acteurs exterieurs aux decisions75. II n’existerait donc pas un seul interet national, mais plusieurs conceptions differentes de cet interet qui s’affrontent a travers les divers jeux entourant la prise de decision. Meme s’ils n’adherent pas tous a la conception mediatisće par leur organisation respective, les membres d’une bureaucratie sont fortement encourages a adherer a ces images, representations ou emblemes au risque d’etre dćloyal envers les autres membres de leur bureaucratie76. Ainsi, comme Allison - qui tient cette expression de Mile, diplomate de carriere americain - nous affirmons qu’en regle gćnćrale « where you stand [on an issue] is influenced by where you sit [in the governmentf7». Apres avoir circonscrit la portee du sujet etudie, ce qui en est exclu et les bases de 1’approche utilisće, nous aborderons brievement les critiques qui la concement et ce qui pourrait pallier ces faiblesses.
1.2 Apports et critiques
L’approche thćorique proposće par Allison, en particulier son second modele, la politique bureaucratique, s’accorde bien avec notre objectif de baliser 1’influence des Affaires etrangeres et de la Defense nationale. Elle propose Tetude des acteurs bureaucratiques pour expliquer une limite a la rationalite d’une politique ćtrangere. Cette approche d’analyse de la politique ćtrangere suscite toutefois son lot de critiques. Ces critiques cherchent surtout a
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dćmontrer les carences de chaque modele et a proposer divers ajouts pour les amćliorer . En particulier, les critiques adressćes & Allison remettent en question plusieurs aspects de ses modeles, tels que leur complćmentaritć, le choix de dćcisions prises durant des situations de
74 Kim R. Nossal, Stćphanc Roussel et Stćphanc Paquin, op cii. p. 227 definissent le concept d’idee dominantę comme un « ensemble de postulats, de valcurs, d’idćaux, dc mćtaphorcs et de concepts » afin d’etudier la PEC. Les quatre principales seraient: rimpćrialisme, Tisolationnisme, 1’intemationalisme et le continentalisme.
7ł Sur la construction de 1’intćret national, voir Jutta Weldcs, Conslructing National Interests: The United States and the Cuban missile crisis, Mineapolis, University of Minnesota Press, 1999, 316 p.
75 Daniel Drezner, « Ideas, Bureaucratie, Politics, and the Crafting of Foreign Policy », American Journal of Political Science, volume 44, numćro 4,2000, p. 733-749
77 Graham Allison et Philip D. Zelikow, op cit. p. 307. Cette loi a ćtć prise au pied de la lettre par certains auteurs qui ont prouvć empiriqucmcnt qu’ellc n'ćlait pas rigoureusement vraic. 11 s’agit toutefois d’une formule qui permet d’imager rapidement 1’impact des positions bureaucratiques plutót qu’une loi absolument vraie en toute occasion.
'* Vincent Legrand, opcit. p.79-106.