ęaise: nous avons du pourtant y renoncer, preferant conserver a notre travail son unitę et sa logiąue. Avouons que nous ne l’avons fait qu’apres beaucoup d’hesitations, si passionnantes sont les nombreuses questions qui ont assailli notre esprit. Quelle place la Hollande occupe-t-elle dans l’oeuvre de Bossuet, notamment dans ses ouvrages d’histoire, et quelles sont les sources ou il a puise?7). Quelle a ete la part exacte qu’ont eue dans 1’elaboration de sa methode de controverse les freres Walenburg, dont sa bibliotheque contenait les Tractatus generales de controversus fidei, parus un an avant son Exposition? 8). Vossius, qui a eu un si grand succes en France comme theoricien de Part9), n’a-t-il pas exerce une influence assez profonde sur les idees pedagogiques et didactiques du precepteur du Dauphin, qui possedait un nombre considerable de livres de ce savant hollandais? Comment Teveque de Meaux, qui a si bien sondę les veritables sentiments d’Erasme10), a-t-il pu se tromper si lourdement dans son juge-ment sur Ruysbroeck et sur Grotius?
Cette derniere question surtout est importante: elle en souleve d’ailleurs a elle seule bien d’autres. Nous consignerons ici meme quelques obser-vations, dont le lecteur voudra bien pardonner et la rapidite, si Ton songe a Timportance du sujet, et la longueur, si Fon considere la place ou nous le traitons. On s’accorde generalement a penser que Bossuet, en reprochant a Ruysbroeck d’avoir verse dans le pantheisme, et en repugnant a donner aux expressions „exagerees et extraordinaires,, du mystique flamand un sens orthodoxe par „de benignes interpretations” 11), a repris simplement a son compte les attaques du chancelier Gerson, sans avoir lu attentivement les textes discrimines12). Le dernier historien des rapports entre Ruysbroeck et Gerson s^st montre un peu plus indulgent pour Bossuet, en attribuant les erreurs manifestes de Teveque au fait qu'il aurait compose de memoire. Mais ce savant croit egalement que Tauteur de YInstruction sur les Etats d’Oraison n’est pas au courant des textes mystiques medi-evaux, et que pour Ruysbroeck il s’est borne a relever les quelques phrases sur lesquelles Gerson avait concentre sa critique virulente 13).
7) Cf. le Catalogue des livres de la bibliotheąue de messicurs Bossuet, ou nous avons signale: no. 152 Acta synodi nationalis Dordrecti, 1620; no. 545 Description de tous les Pais-Bas, par Louis Guicciardin, Amsterdam, 1625; no. 547 La grandę Chronique de Hollande, Zelande, etc., par F. le Petit, Dordrecht, 1601, 2 vol.; no. 949 Batavia Ilustrata, Lugduni-Batav., Elzevir, 1669.
8) Ib., no. 164.
9) Cf. Rcne Bray, La formation de la doctrine classiąue en France.
10) Histoire des Yariations, Livre II, Chap. VI, XVI ((Euvres completes, t. VI, p. 473-474, p. 477-478).
n) Instruction sur les Etats d’Oraison, Premier Traite, Livre premier (Ib., t. XVIII, p. 383 sq.).
12) Cf. entre autres GEuvres de Ruysbroeck 1’Admirable, p. 32-33.
13) A. Combes, Essai sur la critiąue de Ruysbroeck par Gerson, t. I, p. 125, p. 147-148.
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