alii mees ont du faire lace tres tót a une vive critiąue theorique, et c est en 1950 que commence la realisation, quelle que soient son inten-site et son radicalisme, de la conception de l’autogestion qui, dans le developpement du socialisme, est la seule a pouvoir faire contrepoids a la bureaucratisation et aux dćtormations de l’etatisme.
Dans cette periode qui couvre une dizaine d’annees, on a vu se poser quantite de problemes essentiels et vitaux pour le socialisme, et se de-voiler un grand nombre de mystifications stalinistes. Depuis le niveau politiquc jusqu’au niveau philosophique, la pensee marxiste critique a decouvcn le sens premier du socialisme et ouvert de nouvelles pers-pectives. Cependant, si dans la pratique on a fait quelques pas en avant dans le sens d’une democratisation de la vie sociale et de la victoire remportee par certaines spheres sur la tutelle directe de 1’etat, les conceptions pre-critiques et la puissance de la sphere bureaucra-tico-centraliste, des rapports democratiques insuffisants, notamment dans la sphere politique, un engagemnt politique et social egalement insul lisants de la part de la classe ouvriere, tout cela a plonge notre societe socialiste dans des crises de plus en plus aigues. Malgre les positions proclamees a voix haute sur le socialisme autogestif, nous avons connu un renforcement de la sphere bureaucratico-centraliste, car la concentration du pouvoir economique dans cette sphere etait dominantę. A cela venait s ajouter une planification encore essentiel-lement administrative et etatique, avec un developpement visiblement
extensif de 1’economie, et par la, avec une serie d’ingerences et de limitations administratives. Tout cela a eu necessairement pour con-sequence que jusqu’a la fin des annees soixante ou presque, 1’auto-gestion, dans les cellules de base de la societe - dans les organisations de production - est restee stagnante, en depit du caractere positif de son elargissement a d’autres organisations et institutions sociales.
II s’ensuit que 1’esence de la crise dans laquelle est tombe le deve-loppcment du socialisme en Yougoslavie est a chercher dans la domi-nation persistante du rapport centraliste pt etatico-bureaucratique. D’ou la similitude de cette crise avec la crise des rapports sociaux dans les pays du camp socialiste qui sont toujours sous 1’influence dominantę de la conception bureaucratique et etatique du socialisme. Dans le cas qui est le notre, on a difficilement renonce a croire que la production socialiste planifiee puisse, dans n’importe quelle condition historique, se realiser directement, a travers la sphere etatico-politi-que. Mais notre cas presentait deja des differences importantes, du lait que ce modele bureaucratique et etatique a eu a faire front chez nous a une critique rigoureusement fondee, et du fait que 1’autogestion, bien que sous-developpee a la base-meme, est devenue une rcante his-torique que seule une contre-revolution ouverte eut pu rayer de l’or-dre du jour de notre processus revolutionnaire. Tandis que dans le premier cas, on observe encore un »monolithisme« du systeme bureau-cratique et etatique, dans le developpement yougoslave, on a abouti k une »dualite« dans le systeme: aux formes traditionellement politiques et parlementaires sur lesquelles etaient fondees le centralisme et l’eta-tismc se sont opposees de plus en plus vigoureusement des formes autogestives et une conception autogestive qui, une fois conęue comme
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