jusqu’a la solennite de son style noble et vigoureux qui ne rappelle les accents majestueux que Bossuet a su trouver en chaire.
Le grand amour de saint Chrysostome qu’ils avaient cn commun ne suffit pas pour expliquer cette parente, ni non plus le fait que tous deux ils avaient continuellement la Bibie ouverte devant eux. Tl faut regretter que le professeur nait pas voulu quon publie ses cours d’eloquence. Ils nous auraient vraisemblablement prouve d’une maniere tangible que ce predicateur si renomme, qui s’etait formę le gout par la lecture de grands exemples, s’appropriant tout ce qu’il trouvait de bon chez les autres, a frequente aussi Teveque de Meaux, que son maitre van der Palm lui avait fait admirer.
Apres la mort de Des Amorie van der Hoeven, Bossuet trouvait aupres de ses disciples un nouvel avocat en la personne d’Alexandre Vinet. Les nombreux ecrits de ce Suisse, fervent de la litterature franęaise, ont eu un grand retentissement en Hollande490). Son Homiletique, traduite en 1854, a ete reeditee en 1875 491). Or tout au long de ce livre il se montre un grand admirateur de l’eveque de Meaux, „en qui semble renferme toute la majeste du dogme chretien”; et il doit avoir initie maint ministre hol-landais a l’art oratoire de Bossuet.
Avec lui nous nous approchons pourtant d'un moment critique dans rhistoire du succes des oeuvres oratoires de Bossuet. De plus en plus ses oraisons de circonstance releguent les sermons au second plan, et sa gloire va devenir avant tout une gloire litteraire. En 1872 deja Tancien ministre Allard Pierson — auteur qui fait penser a Renan —, dans un cours de litteraire franęaise pour Tenseignement secondaire, ne le represente plus que comme un grand panegyriste et le createur des oraisons funebres 492).
Sur ce plan etroit son etoile fut bientót eclipsee par d'autres. II avait trop de traits sublimes, il manquait un peu trop de proportions pour les Hollandais, au caractere pondere; et Massillon qui avait moins de genie, il est vrai, mais qui devait leur sembler plus egal, eut alors incontesta-blement leur preference.
D'autres ecueils surgissaient encore, contrę lesquels la gloire de Bossuet — comme celle de Massillon d^illeurs — allait se briser: un degout crois-sant de la rhetorique, et un regain de sentiments anti-catholiques. Sans plus les connaitre, les auteurs protestants meprisaient les predicateurs du siecle de Louis XIV comme des orateurs dapparat, ne voyant pas clair dans Tessence du christianisme et de TEcriture Sainte, et prives par con-sequent de ce qui caracterise le veritable homilete. Dans une Eglise,
490) p Keyzer, Vinet en Hollande.
4ftl) A. Vinet, HomileUąue. La traduction hollandaise, parue a Tiel, a ćtć faite par le Dr. C. Moll (cf. W. P. Keyzer, o.c., p. 21).
492) Dr. Allard Pierson, Morceaux choisis de la litterature franęaise, lere partie, p. 227 sq.
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