croyaient-ils, qui enleve a la Bibie son caractere normatif, et qui pretend soumettre les fideles a une autorite absolue, il n’y a pas de place pour de vrais predicateurs 49S).
L/histoire meme de leur propre predication contredit ces prejuges. Ce que cette critique aigre et partiale contient de juste, et ce qui Texplique peut-etre pour une large part, c’est que chez les catholiques la parole n’a jamais occupe une place si exclusive ni si sacree que chez les protestants.
II est temps de jeter nos regards sur la Hollande catholique.
Les sermons de Bossuet ne commencent a y jouer un role qu’a partir de leur publication. Ils furent accueillis avec autant d'enthousiasme que ses ouvrages de controverse. Le seul fait de leur traduction en dix tomes en dit deja long. Et lorsqu’en 1794 parut enfin un periodique catholique, il s’ouvrit par un article elogieux sur le premier tome de cette edition, qui avait paru deja onze ans plus tót. Nous passerons sur les longs eloges pour en arriver tout de suitę a la conclusion du journaliste: il y exprime Tespoir que l’ouvrage deviendra un livre de chevet de tous les pretres, et remplacera ces nombreux recueils de sermons, d’un usage encore trop frequent, qui ne sont pas composes avec assez d’ordre pour etre clairs, ou qui ne eon-tiennent que des theories abstraites et arides, plus propres a etre enseignees a Tuniversite qu’a etre employees en chaire pour Tinstruction et Tedifi-cation des fideles491). II est pourtant tres difficile de deceler des traces d’une influence reelle exercee par les sermons de Bossuet. On ne peut pas suivre, comme chez les protestants, la tramę d’une tradition de la chaire, ni enumerer une suitę de predicateurs renommes tant soit peu comparable a la leur. Car outre que le catholicisme n’a jamais connu le culte exclusif de la parole, il faut reconnaitre que la predication a ete un peu trop negligee dans la Hollande du dix-huitieme et de la premiere moitie du dix-neuvieme siecle.
Dans un rapport officieux sur la Mission hollandaise, datę de 1847 495), nous lisons encore qu’on prechait d’un faęon tres peu efficace. On pronon-ęait des discours sentant les etudes theologiques, ou bien, quand on croyait avoir du żele, on se perdait en invectives repetees; mais le plus souvent on recitait des leęons de morale fades et sans force, a faire dormir les auditeurs debout 490). Jamais, continue le rapporteur, on ne donnait une instruction nourrie, une exposition claire des verites de la foi, des devoirs des fideles, ni des motifs pour les observer. Et si dans quelque paroisse on prechait un peu plus souvent qu'on n’en avait coutume, on excitait la jalousie des autres cures.
4fi3) J. Hartog, o.c., p. 7 sq.
494) Kerkelijke Bibliotheek, le jgn. (1794), p. 1 sq.
495) Aanteekeningen over de Hollandsche Missie in 1847 door president van Vree
(cf. Bijdragen...... Haarlem, t. XL (1921), p. 23 sq.).
49G) Cf. J. A. Alberdingk Thym door A. J., p. 41.
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