134 LA VERTU ET LE PRĆCEPTE
ne doit pas limiter son action a soi et aux siens, mais penser aux autres qui, etant hommes, sont naturellement ses amis; a cóte de ses devoirs de proprietaire il y a d’autres devoirs, objet des vertus chr6tiennes. Aussi ce communisme d usage n’atteint-il pas la chose possedee, mais le possesseur lui-meme; il est d’ordre morał, et non physique; il a son siege dans la volonte, directrice de toute utilisation intelligente, et il entrainera faute, si dans cette utilisa-tion elle ne sait pas discerner l’existence des autres qui 1’entourent: peccat autem... si alios ab usu illius rei indiscrete prohibeat (ad 2). C’est a son premier stade une disposition d’ame, de volonte, debet habere ut; c’est considerer les biens ext6rieurs qu’on possede comme susceptibles de depasser les besoins personnels, en sorte que, quand viendra le moment de s’executer selon les exigences ou des vertus speciales ou d’une legislation, on agisse en toute aisance, ut de facili eas communicet. Enfin ce communisme d’usage, bien qu’il soit capable de recevoir de l’ext6rieur de ces determinations con-cretes, accuse en lui-meme une parfaite liberte d’exercice quant aux cboses a communiquer, aux personnes a qui les communiquer, a la maniere de le faire; ce qui a deja ete notę expressement a propos des biens patrimoniaux des clercs: ąuantum pertinet ad conditionem ipsius rei, potest re sua uti ut vult, et ex hac parte non accidit peccatum (Quod. VI, a. 12). N’est-ce pas dire son lien intime avec le pouvoir de sollicitude prudente que nous avons etudie comme le plus caracteristique attribut du veritable proprietaire ? Voila le sens plein de ce texte difficile, quand on le lit en son entier, sans s’arreter a communes et sans laisser de co te la suitę de la phrase ou saint Thomas a explique sa pensee, de peur qu’on ne s’y meprenne: Ut scilicet...
Ainsi ce second aspect des choses exterieures se presente comme un correctif necessaire et naturel a la propriete privee ou