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88 LA VERTU ET LE PRĆCEPTE

complissant le precepte on poserait donc un acte exterieur qui serait de soi a double portee, un acte qui par la meme releverait de deux vertus sp6ciales. N’est-ce pas ce que semblent indiquer les deux sources d’obligation nettement disparates, ce que sug-gere la comparaison entre Particie 5 de la q. 32 et Particie 7 de la question 66, od les deux memes sources se retrouvent, mais provenant d’un point de depart different: dans un cas, la charite; dans Pautre, la justice ? L’acte d’aumóne serait a la fois et un soulagement a Pindigent et un dfi acquitte, un acte de miseri-corde et un acte de justice.

Nulle part, notons-le, saint Thomas n’a tranche la question. Elle est sans conteste tres delicate. II a laisse cependant maints jalons qui permettront de retrouver sa pensee ici tres nuancee et chargee de multiples elements, qu’il n’a peut-etre pas sufiisamment assimilćs. Pour les degager il faut d’abord voir ce qu’il emprunte a ses predecesseurs, il faut le replacer dans Thorizon theologique de l’6poque. Ne l’avons-nous pas mieux compris dans la premierę partie de notre etude en le confrontant avec les grands maitres dont il est le genial heritier?

§ 2. — DOCTRINE DES PREDECESSEURS

Or, a quelle vertu ceux-ci ont-ils rattach6 1’aumóne¹ ? Saint Thomas n’ignorait pas la doctrine extremement severe des Peres, qui considerentr comme un voieur le riche qui n’exerce pas la mi-sericorde². Elle nous est fidelement transmise par un grand mo-

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Nous elargissons un peu l^łenquete pour ne pas laisser de cóte un en-seignement patristique et pre-scolastique qui semble avoir eu une grandę influence sur toute la doctrine de 1’aumdne k 1’aurore de la scolastique.

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   On peut voir les plus beaux textes cites et discutes par le P. Vermeersch dans son Quaestiones de jusliłia, pp. 267-277.