186 LA VERTU ET LE PRĆCEPTE
2«, 108, 3, ad 4). La justice, au contraire, dont 1’acte est d’etre ad alterum, a pour objet formel cette sorte speciale de bien, qui est son du, bonum et debitum (2* 2ac, 79, 3); elle n’implique pas formellement amour ou bienveillance de la yolonte envers autrui, mais election yolontaire conforme a la raison, conforme au droit en matiere d’actions exterieures. En resume, le devoir de la charite se prend dans la personne du prochain, 1’obligation de la justice, dans la chose meme, lobjet de la possession.
B) Les deux sources d' obligation. Ces deux aspects de 1’aumóne eclairent d’un jour nouveau, nous semble-t-il, la parfaite compre-hension des deux sources d’obligation que saint Thomas a tou-jours entendues disiunctwe. C est ainsi que la tradition theologique les lui avait apportees, et son maitre Albert le Grand l’avait rap-pele d’une maniere tres nette en rattachant 1’aumóne a deux preceptes differents, au quatrieme et au septieme. Le Docteur Angelique adoucit la presentation de cette doctrine, mais elle laisse chez lui des traces visibles dans ces deux titres qu’il ne subordonne pas, mais juxtapose. II reste cependant qu'ayant reduit a ses justes proportions 1’influence de la justice, il lui ac~ corde encore assez de place, et que c’est cette place meme, a cóte de la charite, qui justifie sufhsamment la disparite des deux sources d obligation.
En effet, comment a ete determine le premier temps, celui du superflu, sinon en considerant la chose possedee, le bien materiel, objet de communication et d’echange? Or, en tant que tel, ne se presente-t-il pas spontanement comme matiere de la vertu de justice ? Le bien possede n’est-il pas susceptible d’etre du stricte-ment? Et il le devient, quand il depasse les necessites sociales et individuelles d’un particulier et des siens, parce ęualors s’ap-plique le precepte divin de donner le superflu, parce que superflu;