ELENA TOMA
0. La naturę sociale du langage, son caractere idóologique, sont des róalitós unanimement reconnues. Karl Marx est parmi les premiers & les avoir śnoncóes, lorsqu’il affirme que la langue, c’est la conscience pro-prement dite, c’est la conscience pratique » (Marx 1958, p. 30). Depuis lors, ces idÓes ont fait leur chemin, marquant de leur sceau indćlśbile l’ó-yolution de la science linguistique que rien, ni le positiyisme dominant de la fin du XIXe siacie , repris par les nóo-grammairiens, ni le structuralisme triomphant des annśes ’60 n’ont pu entamer.
1. Ces demieres annóes, nous assistons & une róóvaluation de la dimension sociale du langage. De tous les systemes k meme d’exprimer les phdnomónes de la vie (phśnomenes politiques, sociaux, moraux, cul-turaux etc.), le plus complet (et le plus important) s’avóre etre le systeme linguistique, par lequel la communication humaine se manifeste pleinement. Toute langue se prósente comme un ensemble de structures et de normes, principales et secondaires, tributaires & l’usage social et idóo1ogique du langage et structuróes en fonction d’attitudes idśologiques yarióes. Le langage, dans ses dimensions diachronique et synchronique, est l’expres-sion fidele de certaines idóologies, c’est-&-dire de certaines conceptions pobtiques, sociales, philosopbiques, morales, artistiques etc., & valeur de systeme, qui conunandent un ensemble de normes de comportement, de valeurs, de mentalitós. S’il est vrai qu’une langue ne peut existeren soi et pour soi, & 1’abri de tout conditionnement idśologique, condit’on-nement de mentalitó, il n’est pas moins vrai que ce conditionnement joue un róle de premier ordre dans 1’ordonnance des ólóments constitutifs de celui-ci. Les modifications du langage et les mentalitós se prósentent, par consóquent, comme profondóment lićes. Les niveaux linguistiques sont marquós diffóremment par ce processus de transformation sous 1’influence des structures mentales. La syntaxe et le lexique sont les plus atteints. C’est ainsi que la syntaxe peut recevoir dans sa structure certains modóles culturaux et linguistiques, lesquels, & leur tour, entraineront le changement des moules linguistiques. II est possible de surprendre cette orientation culturelle vers d’autres ciribsations — ce qui indique, par 1^-meme, une modification des mentalitós — dans l’óvolution de la syntaxe de la langue roumaine, & partir du XVie siecle jusqu’au XIXe siócle: la phrase, aux structures rudimentaires, & la syntaxe lourde et stóróotypśe, d’origine 8lavone et byzantine des XVT et XVII6 siócles, s’assoupiit et s’enrichit sous la double influence, latine et romane, aux XVIII0 et XIX® siócles, processus qui se poursuit aujourd’hui encore.
REV.ŚTUDESSUD-ESTEUROP.,XVIII,4,P. 647 -664,BUCAREST.<I980