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doux penchants de la naturę... qui veut qu’on vive en vrai hihou, comme les Antoinc, les Paul et Ics Hilarion... *? N'a-1-il pas bafouć les mlnistres da cultc catholiąue, « ces prćlres meprisables, bonzes fourbes ct stupidcs? »> N’a-t-il pas cxcite le peuple au meurlrc et au vol, lui, « le procureur de la lan-tcrne? » et M. de Floirac reproche au pampbletaire 1’incendie de son chateau et la perte de sa fortunę. I.a dispense est unc faveur, Camille n'a pas droit h la moindre favcur. Tout le niondc n’admire donć pas le vainqueur de la Bastille! Camille etait loin dc s’at-tcndre ó ce refus et ccpcndant voici qu’ii toutes les raisons qu'il u de hAter le jour <lu mariage s’ajoute cclle du serment a la Cnnstitution civile du clcrgć. Le dćcrct du serment va ćtrc sanctionne par le roi; certes, pcu lui en chaut d’etre mnrW par un insermente ou lin assermentć, mais M. Duplessis veut un vrai mariage, ct lui, « Je premier rćvolutionnaire, comme il s’appclle », va peut-ćtrc, s’il tardc, ćtre rćduit ii s’adrcsser ii un priMrc rćfrac-taire & la Constitution pour obtcnir Lucile ct sa richc dot; sa fortunę poli-tique serait rninće du coup. II sollicitc alors 1’inter-\ention de bien des dćpulćs; peine perduc. II lui reste un dcrnier espoir: son ancien Principal du collage Louis-le-Grnnd, 1’abbć Bćrardcr pourrnit peut-Otre venir & bout dc 1’intransigeancc de l’Archev&chć; comme dćputć supplćant, il a remplacć 1’abbć Le Gros ii 1’Assemblće Constituantc, et il y a combattu tout ce qui pouvuit porter atteinte h 1’Eglise et au roi. Camille recourt a lui et le pnHrc breton, qui aimait son ancien ćl6vc, obtint enftn la dispense de tcinps prohibć ct celle de dcux publications.
Hien plus ne semble s’opposer il son mariage et, tout heureuz, Camille accourt ii la sacristic dc Saint-Sulpice pour inscrire ses bans et flxcr le jour du mariage; le temps presse, le roi vient de sanctionner le
r et Lóon
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dćcret du serment; les ecclćsiasliqucs do 1’Assemblće vont etre sollicites de Ic preter, et le 9 janvicr est flx<^ pour le serment du clerge dc Paris. Or la paroisse a laqucllc opparlient Lucile est ccllc de Saint-Sulpice, dont le cure est un prćtrc de la Compaguic de Saint-Sulpice, pretre de doctrine saine et dc nururs auste-res. A peinc Camille lui a-t-il fait connaitrc son des-sein de recourir a lui pour son mariage, quc ce curć, M. de Pauccmonl. (1) lui declarc se refuser net in proceder A la cćrćnionie; motlf: Camille Desmoulins a ronić la foi de son haptćmc, il est apostat. Lc pamplilćtaire, qui se croyait. si pros du but, restc atterrć; en vain oppose-t-il au curć la dispense rcęue dc l’Eviche et qui scmble autoriscr lc mariage, lc cure persiste dańs son refus. Camille alors va chercher un notaire pour rćdiger un proces-vcrbal du refus afin d’en appeler ii la Commission erclósiastique de rAssemhlee natio-nale. Ce procćs-verbal eon ser vć reproduit lc colloque du pretre et du rćvolutionnaire.
* Etcs-vous catholiquc ? demande le cure — Pour-quoi cctte qucstion? — Parce quc, si vous nc 1’etiez pas, je nc pourrais vous conferer un sacremcnt dc la religion cutholique. — Eh bien, mii, je suis catholi-quc. — Je ne puis croire celui qui a dit dans un dc ses numćros que la religion de Mahomet ćtait tout aussi ćvidente pour lui quc celle dc Jesus-Christ. — Vous lisez donc mes nuuieros? — Quclquefois. — Et vous ne voulez pas me marier, M. le curć? — Non, Monsieur. je ne puis, & moins que vous mc fa^siez une profession de foi publique de la religion catho-lique. — .Paurai donc recours au coinitć ccclćsinsti-que. » Camille cl le notaire prennent congć du curć, et le proces-vcrba! est dćpose par eux au Comite cc-
(11 M. dc P«nrctnonl rrfus* lc nrmcnt cf dcclnt plu* tard (\iquf