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LE MAROC CATHOLIQUE


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La prolongation inusitee de la sćchcresse, qui durait si malheureusement encore au Maroc k l’ćpoque normale des labours, provoqua chez les musulmans, a Rabat notamment ou j’ai pu l'observer, de grandes prieres pu-bliąues renouvelees 3 jours de suitę. Les Israćlites s’asso-cifcrent k ce pieux concert et il cn fut dc móme dans toutes les paroisses catholiąues du Maroc.

Ces prifcres ne tarderent pas a etre abondammont exaucćes. Faut-il y voir, comme 1'unanimite musulznane, une intervention miraculcuse ou bien uńe si rapie coinci-dence, le fait ćtant assurement de saison ? Les liypo-theses out le champ librę, mais pourquoi A priori nier le bienfait providentiel ct le taxer de superstition, a 1’instar de certains esprits forts, parmi lesąuels il en est — j’en ai connu — qui refuseraient de sortir un vendredi 13. et s'inclinent dśvotement devant ce chiffre falidique, par une nouvelle inconsćquence de leur soi-disant librc-pensee.

Mais la questicn n’est pas la. II m’a seulement paru interessant de donner aux lecteurs, peu renseignes sur les coutumes locales. quelques aperęus au sujet des tou-chantes pratiques des Croyants en 1’occurence et des leęons de pićtć et de dćdain du respect huraain dont nous leur sommes redevables. Les athćes, voire menie des chretiens peu fervents, ne craignent-ils pas trop souvent de passer pour <c pauvres d’esprit », en dćpit des preuves suffisamment ćloquentes que donnent de leur foi ardente des esprits eminents et des savants de tout premier ordre !

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En quoi consistent donc les cćremonies musulmanes dont nous voulons parł er ? Elles debutent 1’aprós-midi a la grandę mosquće par des prióres de supplication (latif) auxquelles prennent part les notables de la ville, le cadi en tete. Ce pieux exercice terminć, les assistants se rendent en procession, pieds nus ou en chaussettes, jusqu'au delA des remparts, vers le Sahara, ternie pris dans le sens des champs, c’est-&-dire a Chella aux portes de Rabat, chantant le long du trajet, sans se lasser, en 1'honneur d’Allah et du Prophdte, cc refrain repćtć a 1’infini :

Moulana nesaa ridak ou Ma babek ouakfine,

La men irhemna siouak, ia erhem errahimine.

Touesselna bel Mokhtar, ou ssahaba ou lensar,

Rits &bidek bel Matar, ia Halim ia reffar.

O notre Maitre, nous recherchons ta satisfaction, et nous nous tenons debout k ta porte.

Nul autre que toi ne s’apitoiera s< r rous.

O le plus nisćricordieux des miserioordicu*,

Nous te supplions par 1’intercession de l’Elu (le

JProphete),

de ses compagnons et des Ansar (auxiliaires de Mohamed

[emigrć de la Mecąuej,

Viens, par la pluie, au secours de tes serviteurs,

O Clćment, O Pardonneur.

A Chella, pieux arrSt se prolongeant jusqu’aux appro-ches du coucher du soleil, heure a laquelle la procession

reprend le chemin du retour en vil!e dans la znćmc atti-tude rituelle. Et ainsi de suitę les 2 jours suivant.

Aprós la tombóe de la nuit, la population enfantinc a ógalement sa procession tout aussi tou cli antę, a la lumiórc des bougies gracieusement donndes par les bou-tiquiers ; les jeunes garęons portent processionnellement ces modestes flambeaux a travers les rues de la ville en criant au ciel cette supplication : Ya Moulana Erhemna chna sebiane ach derna. - O notre Maitre, aie pitió de nous, nous sommes des enfants. Qu’avons-nous fait ?

Les Berbóres ne manquent pas, de leur cóte, de recourir au ciel pour implorer la pluie, mais pas toujours dans le style orthodoxe. II en est qui prient en bons musulmans ct, leurs psalmodies accomplies, rendent leur priere permanente en accrochant a un buisson ou a la branche d'un arbre une planchette portant des versets coraniques de circonstance. Et combien de temps dure cette permanence de prióre ? « Jusqu'a, ce que la planchette soit lavće par la pluie, et cela ne tarde pas. car Dieu exauce avcc empressement, disent-ils avec une fióre assurance i.

Mais les berbdres ont egalement recours k des cere-monies dont ils ne soupęonnent nullement 1’origine paienne, A des rites magiques, tel celni de la cuiller k pot. notoirement connu dans tou te l'Afrique du nord. Nous empruntons les interessants renseignements qui suivent au consciencieux ouvrage de M. Laoust « Mots ct choses berb&res

<sLes cćremonies connues sous le nom de tlgonja sont universellement repandues dans le nord de l’Afrique, de l’Atlantique a la Cyrćnaique. Leur but est de provoquer la pluie lorsque, par suitę d’une sóchercsse persistante, les recoltes sont menac.ees de destruction. Le mot qui les dćsigne est berbóre et se rapporte k la grandę cuiller en bois, agenja, dont on se sert pour puiser l’eau. La cćrć-monie consiste, en effet, k promener avec plus ou moins dc pompę, une cuiller habillśe en fiancee. La procession, a laquelle participent les femmes et les enfants. s’accom-pagne de chants, de prifcres, d'invocations, et se dćroule a travers les douars, les villages, et autour des marabouts. Chemin faisant, on asperge d’eau la poupśe, on recueille des aumónes dont le produit sert & la prćparation d'un banquet rituel. Ce repas est scrvi, non dans les mosqućes, tempie du culte orthodoxe, mais, ce qui est significatif, dans le lit d’une rivi£re, sur une aire a battre, dans le sanctuaire de quelque agourram, ou encore au sommet d’une ćlevation ou, en cTautres temps, brillent les feux du solstioe. La ceremonie se termine par une prióre pour avoir la pluie ; et, fait curieux, le nom de Dieu unique qu’on y invoque s’y trouve śtrangement associe k celui de Tlgonja — nom d’une divinitć sans legende qui sem-ble avoir tenu une place ćmiuente dans 1’ancien panthśon bcrbćre...

Une ceremonie trós rćduite s’observe chez les Ouled Yahia. Des fillettes vont, de maison en maison, en portant une cuiller remplie d‘eau. Elles chantent: «0 Móre d’esp2-rance, nous espćrons en Dieu notre Maitre pour avoir la pluie » ! On leur remet de menues aumónes ; Ton verse dans la cuiller quelques gouttes d'huile. Le rite procóde ici de la magie sympathique : en effet. par sa destination et sa formę, la cuiller se próte admirablement k la figu-ration du geste cfarrosement, geste qui traduit le dósir qu’on a de voir tomber la pluie. Le geste inverse, con-sistant k retourner une cuiller, doit provoquer, pour ainsi dire, mćcaniąuement, une action contraire



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