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LE MAROC CATHOLIQl)E

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Progres AgrisoB®


CONFERENCE FAITE A L’UNION PAROISSIALE DU SACRE-COEUR DE CASABLANCA

II existe dans la liturgie catholiąue une ceremonie dont 1’institution est attribuee a Saint Mamert, <5veque de Sienne au cinąuidme siecle : Ce sont les Rogations, prie-Ies publiques et processions a travers champs dont le but est d’attirer sur les moissons les bćnedictions du ciel. Cette cćremonie, toute remplie de poćsie est tres signi-ficative de 1’interet que porte 1’Eglise k la profession d agriculteur ; elle montre combien, d£s les premiers siecles, la Sociśtć Chrćtienne tenait en grand honneur le tiavail agricole ; elle nous explique la trds large part que 1 Agronomie a toujours eue au cours de Thistoire dans la propagation de l’Evangile ; elle rappelle a 1’homme qu’il tient tous ses biens de Dieu et qu’il lui en doit compte ; elle nous permet ainsi de comprendre la notion chretienne de la colonisation telle que la concevait le Cardinal Mer-cier . C ćtait pour lui une formo d’aide,une methode d'edu-cation des races moins cultivćes, susceptible de les elever dans tous les sens du mot.

f La colonisation, disait-il, apparait, dans le plan providentiel, comme un acte collectif de charite qu’a un moment denne une nation supćrieure doit aux raccs dćshe-ritecs, et qui est comme une obligation corollaire de la superioritś de la culture. Le peuple qui colonise a le droit, aans doute, de 8‘attribuer ou de rechercher un profit qui s >it la lńgitime rćcompense de ses efforts et de son initia-tive, mais il ne doit jamais perdre de vue que, vis k vis do la race inferieure avec laquelle il entre en rapports, il eon trać te toutes les responsabilitćs de l'ćducateur vis v de ceux dont il entreprend l’śducation».

Et cette notion de colonisation, c’est-ó.-dire en somme dc misę en valeur du sol, est p:*ócisćment celle que 1’Egli-so ,Ł torO°nrs misę en pratique : Ses papes, ses śveques, sos pretres, et surtout ses religieux ont bien souvent ete les Missionnaires du Progrds Agricole.

Quelques exemples pris au hasard suffiront a vous le montrer.

Au moment ou les Barbares envahissent la Gaule ct ou s ćcroule 1’Empire Romain, 1'Etat devient incapable d’assurer la securitó des indiviuus ; petits et faiblcs lecherchent la protection de ceux qui semblent les micux armćs pour parer aux malheurs des temps et se placeut sous leur auterite. L’eglise est aloi*s, au point de vue tcmporel, l’un des puissants du jour. L’ev6que est presąue partout un detenteur du pouvoir officiel : il est le * Defen-seur de la Cite Enricliie par 1’Edit de Idilan qui lui a lestituć ses biens, par les dons des rois, des eleres, des

laiques, 1’Eglise voit alors affluer autom d’eile de nom-breux clients :

Les homines votivi qui, par dćvotion, viennent se livrer avec leurs biens et vivent sous sa protection ;

Les anciens proprietaires qui, par* la coniniendatio terrarum ou par la precaire, abandonnent leurs terres k l’ćveque ou au monastere, passent dans sa sujetion pour s’assurer une vie a 1’abri de la misere, des brigands, des tracasseries de 1’administration ou du fisc.

Toutes ces terres dont elle devient la proprietaire, 1’Eglise va les mettre en valeur, grace k une phalange innombrable de defricheurs, d'assainisseurs, de coloni-sateurs ; je veux parler des nombreux ordres monastiques qui s’organisent alors et vont assumer dans toute sa plćnitude la dure mission de reparer les dćsastres des invasions, de remettre en valeur le sol de la Gauie, abimó par les miseres de la conqu£te.

D£s l’ćpoque Franque, k cóte des equipes de moines qui invoquaient par leurs psalmodies la pitie de Dieu, il y en eut d’autres qui s’eianc6rent en conquórants dans les solitudes inexplorees des forets, sachant qu’ils n’y rencontreraient que des brigands ; .et cependant, ils en affrontdrent 1’horreur. Dans le pays de Seez, quinze monasteres, fondśs par Saint Evroul, abritdrent parfois des brigands devenus agriculteurs ; dans les imaginations populaires, se dessinćrent les gr&cieuses visions des ani-maux obóissant aux moines, comme ils obćissaient a 1’homme avant le pśchś.

Au sixi6me siacie, deux cents monasteres, śphemdres ou durables, surgirent en Gaule : le łabeur manuel y de-mcurait la grandę occupation ; les paysans champenois qui vivaient aux abords du monastere de Saint-Thierry, y vircnt Thćodulfe, un praticien de l’Aquitaine, conduire la cbarrue vingt-deux ans durant, et devenir abbó ; et plus tard, iis suspondireut cette chamic dans leur ćglise comme une rcliąue. Dans son histoire religieuse de la France, Goyau ćcrit ; « Un parfum tcut neuf, un parfum de Góorgiques chrótiennes imprćgnait la regle dite de Tarnat : que le laboureur chante 1’Alleluia en conduisant son araire, que le moissonneur en sueur se stimule au chant des psaumes, que le vigneron en taillant les tendres rameaux dise quelque chant de David, que ce soit la le sifflet du berger et 1’instrument dont s’accornpagne le cultivateur ».

Lorsquc Benoit de Nursic redigea la regle pour 1'Or-dre qu’il creait, il proclame que « l’oisivetć est 1’ennemie de 1’ame. » Aussi les frdres doivent-ils s’occuper tantót des savantes lectures, de 1’etude des choses de Dieu, tantót d’un travail manuel. Le livre pieux et la charrue sont rapprochćs l’un de 1’autre comme symboles et instruments de l’activite chretienne. II appartient a 1’abbe d'assigner aux freres leur tache : culture des terres, transcription des manuscrits, approfondissement des Saints Livres ou des Peres. Les moines travaillent le matin jusqu’au repas



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