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LE MAROC CATHOLIQUE



med fut stupefait et comprit la vertu magiąue de sa che-chia. Elle avait pour effet de rendre invisible celui qui la portait. II l*enleva aussitót, et apparut alors aux yeux du boulanger qui lui dit : c Ou donc ćtais-tu ? » Mais Mohammed sans lui repondre rerait la chechia, se sai3it de quatre ou cinq pains et prit la fuite pour rentrer chez lui.

Des le lendcmain, a 1'aide de sa chechia, il commenęa ses exploits. II penetrait secrótement dans les maisons, y derobait de 1’argent et des objets prścieux et le dćpen-sait en folies avec ses compagnons de plaisir.

L’idee lui vint un jour de retourner aux jardins du Sułtan. « Je n’ai plus besoin du portier, maintenant, dit-il, et il alla se placer a 1‘endroit ou il s’etait installć la premierę fois. La princesse ayant apparu k sa fenetre, il retira sa chechia et devint visible, puis il la remit et dis-parut. 11 recommenęa deux ou trois fois ce manege, de sorte que la Princesse qui l’avait reconnu devina qu’il 3’agissait de quelque nouveou sortilóge, et 1’interpella : c Bonjour, ami, monte donc me voir et causer un peu avec moi. « Le garęon se rendit aussitót & son appel, tant il ćtait stupide, et, sans doute, aussi, ćpris. « Comment fais-tu donc, lui demanda-t-elle, pour apparaitre et disparal-tre ainsi k ton gre ? — C’est, lui dit-il, quc j’ai revetu cetce chechia. qui par sa vertu magique me donnę ce pou-voir. — Prete-la moi, je te prie, lui demanda-t-elle, que j’essaie aussi. > C‘est ce qu’il fit, et rcvetue de la chechia, elle put parcourir le palais sans etre vue. Elle revint alors dans ses appartements, complimenta fort Mohammed et lui fit sewir un somptueux festin. au cours duquel elle le fit enivrer avec des liqueurs fortes. Elle s’empara alors de la chechia, et, appelant ses mokhaznis, elle fit jeter dehors Mohammed, non sans qu’il eut ćte prealablement rou5 de coups.

Bień marri k cette seconde aventure, mais non corri-gć, Mohammed fut a nouveau recueilli par ses camarades, soigne et guśri ; puis, la rćflexion aidant, il conclut qu’il faliait obtenir la peau de mouton de son frere, et, dans ce but. alla le trouyer. Celui-ci ne fit aucune difficulte pour la lui donner, et Mohammed entreprit aussitót d’eprouver sa vertu magique, mais ce fut en vain. Toutes ses incan-tations furent infructueuses. Aprós plusieurs jours de vai-nes recherches, il se dit : « Cette peau n'a aucune valeur de talisman ; je vais nren debarrasser en la vendant au souk. Et, comme elle etait sale, il jęta dessus un seau d’eau pour la laver.

Au meme moment la peau se couvrit de petites bour-ses d'argent, d'or et de pierres prćcieuses. Mohammed en-chante ramassa le tout et recommenęa & faire bombance.

Au bout d’un certain temps, il rósolut de revoir en-ęore la filie du roi. Le portier, sondę, refusa d’abord de lć" laisser entrer dans les jardins ; mais quand Mohammed lui eut demontre qu’il ne risquait rien, puisque la premiere aventure śtait restee sans rósultats facheux pour lui, et quand, au surplus. il eut appuye ce raisonne-ment par le don d'une grosse bourse d’or, le portier le laissa entrer.

L'aventure recommenęa, pour la troisieme fois, et, pour la troisieme fois Mohammed se trouva depouille de son talisman et roue de coups dans un jardin liors de la ville... Cette fois, il n’attendit pas ses compagnons. II se hata de quitter le pays et partit peniblement vers les montagnes. Apres plusieurs jours de marche doulou-reu3e et de miseres, il arriva. un soir, dcvant un grand jardin ferme, et, comme il mourait de faira, il n*hesita pas k s’y introduire. Avisant un magnifique figuier couvert de fruits noirs, il en cueillit aussitót une douzaine et se mit k les manger. Or, quelle ne fut pas sa stupćfaction, au bout d’un moment, de voir que des cornes lui pous-saient sur la tóte. II avait dćja mangó cinq figues, et s’arr£ta aussitót. Une heure ne s’ćtait pas ścoulće qu’il avait cinq cornes sur la tóte. Affole, il jęta les yeux de tous cótćs, et aperęut non loin de la un autre figuier couvert de magnifique figues blanches. II pensa que 1& etait le remede, et, cueillant sans tarder cinq fruits, il se h&ta de les manger. En effet, peu apres, les cornes avaient disparu. II s’ćcria alors plein de joie : « Je tiens ma vengeance » ; et cueillant trois magnifiques figues noires et trois raagnifiques figues blanches, il reprit en hate le chemin de la ville.

Dós son arrivće, il enveloppa soigneusement les trois figues noires dans une petite boite qu'il confia, une nuit, au canal d’eau douce qui desservait les cuisines du Sułtan. Comme il le pensait, le paquet fut arrótó par la negresse de la cuisine, qui l’ouvrit, fut ómerveillee de la beautś de ces fruits et les porta au maitre cuisinier qui les fit placer aussitót sur la table du Sułtan. Celui-ci, sa femme et la Princesse, leur filie, les mangerent et cons-tatórent peu apres, avec stupcur, qu’une come leur avait poussć sur la tete. Ce fut alors une douleur inexprimable. Les medecins, mandes en toute hate, n’y purent rien, les derniers pas plus que les premiers, a qui le Sułtan avait fait couper la tete.

Par ordre du Sułtan, un crieur public invita alors les gens de l'art et magiciens a se presenter au Palais. Mais personne ne repondit a cet appel, sauf Mohammed. Admis en prósence du Sułtan, il examina attentivement la corne, et se dćclara capable de la faire disparaitre, « mais, ajouta-t-il, c’est un genie, et il convient de suivre minu-tieusement ses prescriptions : Qu’on appclle deux mokhaznis qui battront le Sułtan a coups de baton jusqu'i ce que le sang coule. Mon traitement sera alors efficace.» Le Sułtan y consentit, et quand le Sułtan .gćmissant sous les coups, commenęa a perdre son sang, Mohammed lui mit dans la bouche une figue blanche et la lui fit manger. Peu apres, la corne avait disparu.

Le Sułtan, plein de joie, voulut aussitót faire appli-quer !e móme traitement a la Sultane. Mohammed y consentit de bonne grace, et la corne ‘fut enlevśe dans les memes conditions.

« Allons immćdiatement chez la Princesse ma filie, prescrivit le Sułtan. Mohammed fit d’abord des difficultes arguant que ce serait beaucoup plus difficile, et qu'il y faudrait quatre mokhaznis et une longue et dfire baston-nade. Mais le Sułtan consentit a tout ce que voulut Mohammed. Introduit dans les appartements de la Princesse, celui-ci lui fit infiiger une terrible bastonnade par quatre vigoureux negres, puis, quand elle fut a demi-morte, il renvoya les mokhaznis et dit a la Princesse : « Me reconnais-tu, perfide ? Rends-moi tout de suitę mon bien, ma coupe, ma chechia, et ma peau de mouton. Ce n’est qu’ensuite que je te delivrerai de ton affreuse corne, poussee sur ta tete par ma vengeance. »

La Princesse, toute dolente, lui rendit son bien, apre3 quoi, Mohammed lui fit manger la dernióre figue blanche, puis, ayant revetu sa chechia qui le rendait invi-sible, il disparut du Palais, et alla s’śtablir dans un royaume voisin, ou il vćcut assagi et heureux.

Roland MARGUIER.

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