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LE MAROC CATHOLIQUE



Yics-Presideni de 1’leadiiie des Sciences,



Nous lisons dans « La Vie Sociale » du 9 novembre M. Pierre Termier est mort. Ses obs£ques ont eu lieu, le 27 octobre, a Grenoble, au milieu d’une śnorme affluen-ce ou l’on remarąuait, parmi des notabilitćs de tout ordre, de nombreux representants et delegućs des Instituts et des Hautes Ecoles. C’est qu’en effet, ce dćcós a mis en deuil le monde savant. Pierre Termier, connu par ses ouvrages et decouvertes, śtait inspecteur gćnćral des Mines, pro-fesseur k 1'Ecole Nationale Superieure des Mines et Vice-President de 1’Acadćmie des Sciences.

On peut appliąufer k Pierre Termier le jugement de Trosca sur Le Verrier : « L’ćtude du ciel et de la tcrre et la foi scientifiąue n’avaient fait que consolider en lui la foi vive du chrćtien ». « II fut non seulement catho-lique, mais encore paroissien ».

N°us en serons convaincus si nous parcourons la belle allocution prononcće sur le cercueil par M. Goriel.

hH-iia«ł^Umhle cłlr^tien, mystique, tendre et doux, tout ®n, m6rae temps d*une incroyable Charitć, tel « }tel vćcut* tel mourut Pierre Termier, paroissien ^’nt-Jean-Baptiste de la Salle. k Paris, paroissien de ...    . cr viUage de Yarces, tertaire de Saint Franęois

. c Le dernier jour ou je Tai vu — le 28 septembre der-v r' ~~ c ^tait, comme chaque dimanche k cette ćglise de varces perchśe « sur le bras tendu d’un contrefort dc la ontagne ». n en gravissait la rude montće, sans effort, sans fatigue, mais comme absorbś en ses pensśes. Puis, ?U ^ntir de.la messe« pr^s de la grandę croix qu’abritent et*bonUl8, 11 s avanSait la main tendue, heureux, affable

«Ce que nous voyions le dimanche, nous aurions pu le eon empier chaque matin car, chaque matin, il montait np i-6™ -re messe e* y communiait. Mais, en sortant, nous aurions Pas vu redescendre : il montait encore, il ntait tous les jours jusqu’au petit cimetifere ou nous ^nauirons tout k 1’heure sa dćpouille mortelle et 1&, tous

s jours, sur le tombcau des siens, il priait pour les morts.

ą 0’est que Pierre Termier, s’il fut un homme de science, si, gćologue, nous 1’admirons k la fois comme « le prophete du passć » et son podte, constamment et dans J-out ce qu’il faisait il fut avant tout un homme de prifcre. lous ceux qui l’ont connu de pr£s le savent ; il vivait en presence de Dieu, chantant dans sa vision intśrieure la gloire de « sa sceur, la Terre » qu’il voulait « rćvćrer — ce ses expressions, comme 1’une des plus nobles fllles de Dieu » chantant « la Crćation splendide », « la joie de voir s>, « ia joie de connaitre », « la joie de comprendre », chantant 1’hymne d’adoration des vivants dont, disait-il « le bruit meme des sphfcres roulant dans 1’infini, ne sau-jait plaire autant au Crćateur >. Et lui, si penchś sur la terre matćrielle, vivait ainsi, par les sommets de son etre, dans ce monde invisible dont il disait encore qu’il est le plus rćel et la vraie patrie de nos arnes.

« En revcnant 1’autre jour de Marseille, presque mou-rant, dans ce voyage qui devait etre le dernier, il faisait admirer encore k ceux qui 1’entouraient les paysages de Provence.

« Ceux qui 1'entouraient ćtaient de ceux qu’il aimait. Car s il chanta la joie de connaitre, il connut la joie d’ai-mer. II aima les siens, les trds proches et de plus lointains.

II aima ses Ć16ves, il aima beaucoup d’&mes qu’avec sa tendre et brillante ardeur il dćsirait amener a la Science, k la Beaute et au supreme Amour. Plusieurs diront qu’ils trouverent en lui le chemin de la conversion.

« II aima ; il souffrit donc lorsque la mort vint frap-per autour de lui dans son foyer fćcond, lorsque la guerre desola 1'humanitć et frappa son gendre k Verdun. II pleu-ra chaque jour sur ses fils, sur « le passe bienheureux ou l’on ignorait la douleur » mais pleura « comme un chre-tien qui ne s’est jamais dćtourne de 1’espćrance » et, « pareil a Simon de Cyr&ne » il vit dans ses epreuves, le moyen providentiel par lequel le Christ lui demandait de 1’aider a porter sa croix.

« Chaque annće pour retremper son courage, il montait, pdlerin. vers la montagne sainte dc la Salette prier la Vierge dont, depuis bien longtemps dejA, il recitait l’of-fice chaque jour.

La Sainte Vierge, Saint Franęois d^Assise, Sainte-Thćrdse d’Avila et Sainte-Theróse de Lisieux, ćtaient les amis familiers de cet homme dont 1’ambition supremę ćtait de devenir l’ami de Dieu.

« Dans cette recherche, dans cette compagnie, parmi ses mćditations sur la formation des mondes, sur l’evolu-tion de la terre au milieu du deroulement des stecles, il se sentait dejA, - humble et se sachant cependant supó-rieur aux mondes ćphćm^res —- «.citoyen de 1’infini ».

« Doucement et sans angoisse, il a donc franchi lc grand Portail des Morts et il s'est avancć « vers la Patrie inimaginable ou il n’y aura plus que de la joie».

« Saluons le savant, pleurons 1'homme et prions pour

le chrćtien qui, charitable a tous, sut si magnifiquement

allier la Science, l’Art et la Foi

M. Pierre Termier n’est pas un inconnu au Maroc, ou il est venu, il y a quelques annóes en voyage d’etudes. II y a retrouve cu s'y est fait des amis ; et comme il ne sćparait pas en lui-memc le chretien du savant, ceux-ci ne manqueront pas d’ajouter a leur admiration pour son ceuvre une ardente priśre pour le repos de son Ame.

Pa^olae ci ri Oroy-irii,

La science, 1'ensemble des Sciences, est a mes yeux come une de ces vastes et somptueuses cathćdrales que le moyen kge a semees a profusion sur le sol de notre France. Ce sont des croyants qui en ont dressć les plans et jete les bases ; d’autres y ont travaille ensuite, qui n’avaient plus la mćme foi ni le meme amour ; et parmi ceux qui en complśtent aujourd’hui la decoration, ou qui rćparent les injures faites par le temps k 1'ćdifice subli— me, beaucoup ne savent pas le sens profond de cc po6me de pierre & la gloire du Christ, de sa Mdre et de ses saints. Mais de votites noircies, des hautes verridres, aux lueurs ćtranges.des rosaces multicolores ou lc couchant allume 1’incendie. une impression tombe, forte et douce. On est er.tre insouciant, parfois railleur ; peu a peu, dans la penombre silencieuse des nefs, on est penśtre de pen-sćes graves. L’Ame croyante et 1’ame ineroyante sont ćmues, 1’une et l’autre ; celle-la se sent portee k croire, k espćrer, k aimer davantage ; celle-ci doute de son doute, et se demande, dans un grand frisson, si ce n’est pas Dieu qui vient de lui parler.

Pierre TERMIER, de lTnstitut.



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