106 Anthony Ijaola Asiwaju
radministration coloniale, qui dćcoulait directement de la naturę et du carac-tóre du partage initial. En tout, neuf puissances sont intervenues, dont sept europćennes (Royaume-Uni, France, Allemagne, Belgiąue, Portugal, Espagne, Italie) et deux africaines (Śthiopie, Libćria).
Dans une analyse fonctionnelle telle que nous l’envisageons ici, il est impossible de dissocier ces puissances; 1’attitude traditionnelle, qui, dans la littćrature existant sur la domination coloniale, laisse de cótć l’Źthiopie et le Libćria, a rćcemment fait l’objet de critiques vigoureuses et, k notre avis, justifićes*8. En dćpit de leurs prćtentions traditionnelles k une position d’indć-pendance, chacun sait que 1’histoire des frontieres de ces deux fłtats africains est identique k celle des pays qui ont subi une domination coloniale en bonne et due formę, puisque toutes les frontieres ćtaient le rćsultat de la diplomatie europćenne et du partage politique qui ont caractćrisć la fin du xix° siecle. Tout compte fait, l’attitude de ces Ćtats africains n’ćtait pas tellement diffć-rente de celle des administrations coloniales voisines, comme le montrent k la fois 1’ćtude savante rćcemment consacrće par Monday Benson Akpan i la naturę et au caractćre de 1’ « oligarchie » amćricano-libćrienne, ainsi qu’k ses effets sur les populations africaines indigćnes de 1’intćrieur libćrien, et les rćfć-rences contenues dans le rapport n° 5 du Groupe d’ćtude des droits des minoritćs, oh Godfrey Morrison examine le comportement de 1’Ćthiopie de Hallć Sćlassić envers les populations somalies vivant k l’intćrieur des frontieres ćthiopiennes.
Ćtant donnć que neuf pouvoirs politiques distincts avaient participć, k des degrćs divers, au partage de l’Afrique, quarante-cinq combinaisons administratives coloniales ćtaient thćoriquement possibles. Si l’on avait pu, dans chaque cas, localiser les situations frontalićres ou chacune de ces combinaisons pouvait etre identifiće, on aurait pu aboutir k une listę de quarante-cinq types de situations dans lesquelles les Africains avaient ćte exposćs k une formę distincte d’impact colonial. Toutefois, comme le montrent les astćrisques dans le tableau, donnć en annexe, vingt-trois des quarante-cinq permutations possibles n’ont, en fait, ćtć reprćsentćes nulle part. II reste, sur la base des combinaisons coloniales effectives, un total de vingt-deux situations qui peuvent etre eflfectivement Iocalisćes et comparćes. Ces vingt-deux situations rćsultent exclu-sivement de comparaisons binaires, qu’elles concement les administrations relevant de la meme puissance ou d’administrations relevant de puissances diffćrentes*8.
28. Voir, entrc autres : M. B. Akpan, « Black imperialism: Americo-Liberian rule ovcr the
African peoples of Liberia, 1841-1964 », Canadianjournalof Africanstudies,\ol. VII, n° 2, 1973, p. 217-277 ; Godfrey Morrison, The Southern Sudan and Eritrea: aspects oj wider African problems, Minority Rights Group Report, n° 5.
29. En cc qui conceme les premi&res tentatives d’ćtablissement d’une listę des groupes ou
territoires ethniąues sćparćs par les frontieres des Ćtats africains, voir K. M. Barbour, « A geographical analysis of boundaries in inter-tropical Africa », dans: K. M. Barbour