96 Anthony Ijaola Asiwaju
des frontieres africaines par 1’Institut scandinave des ćtudes africaines, en 1969, cite toujours au deuxieme rang de prioritć des recherches k poursuivre les « problćmes des populations frontalićres »*, tćmoignant ainsi du manque d’intćret persistant pour le partage des ethnies africaines, alors que la litterature sur les frontieres de rAfrique ne cesse de s’accroitre.
Parmi les publications qui, depuis 1969, se sont ajoutees k la collection d’Africana et traitent de la question souvent irritante des frontieres inter-nationales, quatre meritent apparemment de retenir 1’attention : J. C. Anene, The intemational boundaries of Nigeria, 1885-1960: the framework of an emergent African nation (Londres, Longman, 1970); J. R. V. Prescott, The evolution of Nigeria's international and regional boundaries (Vancouver, 1971); A. C. McEwen, International boundaries of East Africa (Oxford, 1971); Saadia Touval, The boundary politics of independent Africa (Harvard, 1972). Ces quatre ouvrages sont rćvćlateurs : aucun d’eux n’a pour theme principal le probieme des ethnies partagćes; ils s’inspirent des prćoccupations et de la perspective academiques qui ont jusqu’ici dominć 1’ćtude des frontieres africaines. Un bref exposć de leur contenu et de Ieur orientation gćnćrale devrait contribuer k identifier les lacunes que 1’approche adoptće dans la presente ćtude se propose de combler.
Examinons d’abord le manque d’intćret manifeste pour les populations africaines disloqućes. A cet ćgard, on peut considćrer conjointement les ćtudes entreprises sur le cas du Nigćria par Anene et Prescott, qui se compietent quand elles ne se chevauchent pas. En depit de 1’hommage rendu par le professeur Jacob Ajayi, pour qui l’ouvrage d’Anene ne concerne pas seulement « les mesures ćtrangeres de dćmembrement, mais aussi les rćpercussions des frontieres coloniales sur les peuples, dont elles vinrent bouleverser 1’histoire »*, cet auteur s’est intćressć surtout k la politique de partage, k 1’action de la diplomatie europćenne touchant les situations politiques locales k l’ćpoque du dćmembrement du continent africain et k son incidence sur l’ćvolution des frontieres plutót que sur celle des populations dont les territoires se trouvaient traversćs par les lignes tracćes, et parfois remanićes, au cours de la pćriode aliant de 1885 k 1960. Nulle part dans cette ćtude, d’ailleurs passionnante, le lecteur ne trouve d’exposć soutenu ou systćmatique des rćpercussions de ce
Nigeria borderlands », these de doctorat, Universitó de l’Ćtat du Michigan, 1970; cc The Niger-Nigeria boundary 1890-1906: a study of ethnic frontiers and acolonial boundary », Africa series, n° 23, Athens, Ohio University Centre for Intemational Studies, 1975 ; J. D. Collins, cc Govemment and groundnut marketing in rural Hausa Niger », thćse de doctorat, SAIS, Universitć Johns Hopkins, 1974 ; cc The clandestine movement of groundnut across the Niger-Nigeria boundary », Canadian journal of African studies, vol. 10, n° 2, 1976, p. 254-278.
3. C. G. Widstrand (dir. publ.), African boundaryproblems, Uppsala, Almqvist, 1964, p. 180.
4. J. C. Anene, op. cit. (citó dans le texte).