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dont on a beaucoup parlć dans Ies annćes trente, fonctionnaient surtout k l’ini-tiative des autoritćs africaines traditionnelles. Bień qu’ils n’aient pas ćtć offi-ciellement reconnus par les administrations europćennes, McEwen notę que leurs dócisions ćtaient considćrćes comme contraignantes par le droit coutu-mier et invariablement respectćes par toutes les parties en cause44. II explique le succćs de ces tribunaux par « le fait que le droit coutumier en vigueur de chaque cotć de la frontićre, dans la zonę intćressće, ćtait similaire, voire iden-tique“ ». On aimerait en savoir davantage sur cette intćressante question que les ouvrages anciens ont pris la peine de mentionner. II est probable que 1’installation de la machinę judiciaire europćenne a eu pour effet d’ćliminer ces tribunaux, comme ce fut le cas d’autres initiatives africaines d’administration de la justice k l’ćpoque coloniale. La nouvelle histoire devrait nous ćclairer sur ce point et sur des dćveloppements parallćles dans d’autres rćgions d’Afrique.

On doit noter enfin qu’en dćpit de son accent spćcifiquement africain 1’ćtude des groupes africains ćcartelćs doit s’ćlargir et s’inscrire dćlibćrćment dans un contexte plus vaste, celui de la sćparation des peuples et des cultures dans le monde entier. L’ethnohistoire des frontieres des Ćtats africains doit etre une fenetre ouverte sur le monde entier. Cette approche globale prćsente une importance capitale si l’on veut que les aspects politiques les plus dćlicats que comporterait une telle ćtude soient exempts d’un dangereux esprit de clocher. Quand les frontieres et les problćmes frontaliers du continent africain sont dćbattus, il nous paralt extremement regrettable qu’on ne fasse aucun effort explicite pour ćlargir le debat, ce qui aurait pour effet de calmer les esprits en montrant que, aprćs tout, ces problemes ne sont pas propres k l’Afrique. Ce ne fut pas le premier continent k etre partagć; on rencontre part out dans le monde des frontieres arbitraires, avec leur cortćge de problemes. Avant et pendant la pćriode oh leurs gouvemements se sont mis k partager rAfrique, les Europćens eux-memes n’ont cessć de mettre en pieces leur propre continent. La Pologne, la Turquie, 1’Allemagne, 1’Irlande ont connu le partage et se sont trouvćes sous des dominations diffćrentes, de la meme faęon que bien des Ćtats et des rćgions culturelles d’Afrique4*.

Tant en Europę qu’en Afrique, les partages ont ćtć surtout le fait d’ćtran-gers, appartenant ou non k la meme race que les peuples disloqućs; sur les deux continents, les partages ont entrainć les memes inconvćnients et suscitć

44.    A. C. McEwcn, op. cit., p. 41.

45.    Ibid.

46.    On trouvera de bróves rćfćrences k ce sujet dans : Samuel Whittemore Boggs, op. cit.;

D. E. Carthago, Partitioning Germany to prevent a third war; K. Roosevelt, Partition of Palestine ; D. O. 0’Neil, The partition of Ireland; H. N. Howard, The partition of Turkey; S. P. Chatterie, Partition of Bengal.



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