Jesus-Christ?125). „Sa philosophłe morale est etrangement myope”120), et l’eveque de Meaux veut faire monter notre ame a ce haut degre de vertu dont la preface du Tartuffe doute qu’il soit dans la naturę humaine d’y parvenir 127).
Vondel, de sa part, infiniment eloigne de cette austerite, s’est trouve le mieux a 1’aise parmi les jesuites et leurs disciples, puisqu’ils s’eloignaient le plus du calvinisme. Son amour pour eux n’etait pas seulement platonique. Dans les conflits qu’ils eurent avec les membres du clerge seculier dans la Mission hollandaise, il ne tarda pas a leur venir en aide128). Le grand auteur dramatique devait bien se sentir attire vers la Compagnie de Jesus, qui avait fait une place importante au theatre dans le systeme pedagogique elabore par elle. Son amour de relement dramatique de la vie avait ete un des mobiles les plus forts qui l’avaient amene au catholicisme, dont la liturgie marque symboliquement quelle place centrale cet element occupe dans notre vie spirituelle. Depuis on l’a toujours vu sur la breche pour le theatre contrę les calvinistes, qui, de meme qu’ils avaient banni la liturgie de la religion, voulaient exclure le divertissement et le jeu de la vie. 11 s’en est meme montre un defenseur un peu ingenu, en l’innocentant d’une faęon trop generale. 11 aurait encouru de la part de Bossuet la meme severite etonnante avec laquelle celui-ci, embrasant toute la scene du feu de son indignation eloquente, a voulu effacer le temoignage leger du pere Caffaro. Les exagerations de l’un et de 1’autre n’ont d’autre valeur que celle de nous montrer ou va la predilection naturelle de chacun.
La scene n’est pas le seul endroit ou Vondel et les jesuites se rencontrent. Tout ce qui les met aux prises avec Bossuet, les rend sympathiques a ses yeux. 11 admire Tardeur apostolique avec laquelle ils partent pour les con-trees lointaines de la Chine afin d'y etablir le royaume du Christ129). Dans le debat sur la grace et le librę arbitre il defend avec eux le librę arbitre, que d’autres veulent aneantir. 11 les suit avec enthousiasme dans leur croi-sade contrę la Reforme. II les applaudit, quand il les voit reprendre, en la purifiant, Toeuvre d’Erasme, et accepter de bon coeur Theritage des
125) Ch. Urbain et E. Levesque, UEglise et le theatre, p. 273.
126) H. Bremond, o.c., p. 159.
127) II faut pourtant se garder d^agerer et de faire croire que Bossuet et les jesuites ne faisaient que se contrarier. Rebelliau n’a pas evite ce danger, lorsque, sJappuyant sur Bayle, il denonce les jesuites comme ceux qui obtinrent pour le ministre Claude la permission de publier son livre. Cest Bossuet, lui-meme, qui dans sa Conference avec Claude invita son adversaire a publier sa reponse, et le roi lui fit demander s’il ne voyait point d'inconvenient a ce que cette publication se fit. (Rebelliau, Bossuet historien du protestantisme, p. 75-76; lettre de Colbert de Croisy a Bossuet du 10 avril 1683, Correspondance, t. II, p. 364).
128) F. v. Hoeck S.J., Schets van de Geschiedenis der Jesuiten in Nederland, p. 143.
129) Dans sa tragedie Zungchin, 1667, CEuzres completes, t. X, p. 325 sq.
41