siecles passes pour lancrer au seul point immuable qui existe au monde, et qui est Jesus-Christ lui-meme. II est suspendu aux levres de ces apótres de Hiumanisme chretien. II souscrit de toute son ame a 1’appel qu’ils lancent aux fideles: se montrer des sujets combatifs du Roi des rois qui a promulgue la loi bouleversante d aimer Dieu par dessus tout, mais aussi d’aimer ses proches en Dieu. II se rangę dans leur parti, quand ils exaltent la puissance que Jesus-Christ a donnee au prince des Apótres, et avec eux il aime a avoir a la bouche le mot d’infaillibilite1S0).
Si tel est 1’abime entre Vondel et Bossuet, unis malgre tout par la foi commune qui leur donnę a tous deux un esprit de croise, il ne faut pas s’attendre a le voir moins grand entre l'eveque et le savant de Delft, gravis-sant laborieusement la route qui monte a Romę. Les quelques traits qui les rapprochent l’un de 1’autre, sont bien loin de pouvoir rendre ce gouffre moins infranchissable. Aussi le temoignage de Vondel sur son ami a-t-il bien des chances d’etre plus juste que Topinion de l’eveque; et une appre-ciation historique des idees religieuses du grand savant doit se baser sur le jugement du premier 131), d’autant plus que les circonstances dans les-quelles Bossuet a compose sa Dissertation, ont diminue les chances qu’avait l’eveque de juger objectivement un homme si loin de lui.
LA LUTTE EPU1SANTE.
L’eveque de Meaux a mene une lutte heroique, mais desesperee contrę des dangers qui grandissaient toujours.
Apres qu’il a etabli contrę les protestants Tevidence de leurs variations eternelles, son adversaire Jurieu fait volte-face et n’admet plus que la variation soit une preuve d’erreur. Le mystere et le miracle, on les nie tout simplement et on les rangę dans la categorie des fables. Spinoza critique 1’Ecriture Sainte, et cree un Dieu-entite qui ouvre la voie au pantheisme. Richard Simon soumet les textes sacres a un examen purement scientifique, et dans ses conclusions ce pretre touche Spinoza. En essayant de concilier le cartesianisme avec le christianisme, Malebranche, encore un oratorien, semble s’approcher de Spinoza par un autre bout et soumettre Dieu a son ordre vainqueur. Ellies du Pin, pretre lui-aussi, denonce des variations dans la doctrine des premiers siecles du christianisme. Le pere Caffaro ose defendre le theatre.
Bossuet lutte contrę tous ces humanistes paiens et chretiens. En cher-chant sa voie dans ce labyrinthe de pensees nouvelles, il se lasse des detours a faire, et manque de succomber. „II vient tous les jours tant de choses
180) Cf. sa tragedie Peter en Pauwels, 1641, Ib., t. IV, p. 220 sq.
131) Grotius? Testament, 1645, Ib., t. IV, p. 623 sq.
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