3513660051

3 Naissances et mauvais prćages 73

celui qui reste au mort, pour qu’il ne meurt pas lui aussi». Une pratique du meme type existe aussi a Catane, Dolj, ou Ton dit qu’au mariage et a la mort, on sort des fers cewc qui sont 'lunateci’ (^lnes pendant la manę lunę’), seulement cenx de la meme familie, car s 'ils ne sont pas sortis des fers, ils tombent malades et peuvent meme mourir. A Valcea, on dit que «deux enfants nes le meme jour sont ‘zauateci’. Quand Lun d’eux se marie ou meurt, Pautre doit se mettre dans les fers de la cheminee» (A. Gorovei, 1915, pp. 170 et 383).

La chaine du foyer cst un element lie au feu domcstique qui maique 1’unite du groupe domestique; d’ou son pouvoir. Tous les elements qui participent de la puissance du feu domestique sont utilises pour integrer les individus au groupe ou pour les en separer (cf. D. Dimitrijevic, pp. 28-32 et 184-185, 1994).

La chaine du foyer comme instrument de separation des destins, lors du deces d’une des personnes qui sont nees le meme jour ou pendant le meme cycle lunaire, est aussi utilisec en Serbie et en Bułgarie. En Serbie, cela prend la meme formę qu’a Melnica mais la guerisseuse peut etre remplacee par une personne de Page de celui qui reste en vie; dans ce cas, les deux personnes deviennent «freres» (G. Lozanova, 1989, p. 22). Cette formę de separation est egalement connue dans Pouest de la Bułgarie; a Mihajlovgrad, si la separation des destins ne s’est pas faite le jour de Penterrement, le vivant est attache a la tombe avec la chaine du foyer. II est detache par le premier homme que le hasard fait passer par la. Toujours en Bułgarie, pour se separer du mort, la personne qui reste en vie se met dans la tombe, les bras croises, et simule la mort. Ensuite, elle laisse dans la tombe un objet qui lui appartient ou sa mesure prise avec du fil rouge (ou blanr) ou avec un vegetal, qui le remplacent. Parfois, on utilise un chien ou un poulet noir qu’on substitue a la personne vivante. Pour sortir de la tombe, une personne, qui deviendra son confrere, lui tend la main, la chaine du foyer, un baton d’un bois vert ou le peigne du metier a tisser. (G. Lozanova, 1989, pp. 20 et 23; dans cet article sont decrits d’autres moyens, utilisćs en Bułgarie et en Serbie, pour separer le vivant du mort ne le menie mois - ednomeseci; ćgalement appeles ednomesecnici, voir aussi H. Vakarelski, 1990, pp. 177-180).

En Serbie, les personnes nćes le meme jour, appelees jednodanci ou jednodancici, peuvent etre separees: il faut racheter le destin du vivant pour que le mort ne le tire pas avec lui dans la tombe. (P.Z. Petrovic, 1948, p. 306; voir aussi M.R. Barjaktarovic, 1973, et 1977 pp. 135-136). Les personnes nees le meme mois sont appelees jednomesecni ou jednomesecnici. Elles doivent aussi etre separees en cas de deces de l’un d’eux, car les memes liens les unissent. La personne qui reste en vie peut etre sauvee de la meme maniere: il suffit de lui attacher une jambe a la jambe du mort, a l’aide des fers qui servent a 1’attelage des chevaux, et de s’adresser a la personne de son choix en ces temies: «Par Dieu que tu me soit fi-ei‘e ou sceur (si c ‘est une filie), rachete l ’esclave de la tombe\» Ainsi, les deux personnes deviennent «łreres» (pobratimi) ou « soeurs» (posestrime). Si la personne morte est enterree en 1’absence du vivant, alors, par la suitę, la personne vivante est attachee a la croix du mort; et si le vivant est malade, on apporte un peu de terre de la tombe