7 Naissances et mauvais preages 77
- Et on a retrouve quelque chose de P enfant ?
- Ben moi, je suis allće donner... - car nous avions la des veaux - et je suis allee donner a manger aux veaux, et les chiens ils mangent quelque chose, mais je ne sais pas ce qu’ils mangent; et ils grognent vers moi pour que je n’aille pas chez eux. Moi, je ne sauvais pas, et elles deux, elles n’ont pas dormi de la nuit. Elle Pa fait et elle Pa jete aux chiens pour que les chiens le mangent, Penfant.
Voila, maintenantqu’en est-il de Cruna?Personne ne Pencense. Elle a donnę ses terres aDobrasau Giura, Giura est allć chez d’autres, la-haut, pour qu’ils le gardent et il leur a donnę ses terres; apres la mort de Giura, elle n’a plus personne, Cruna. Et si elle avait gardę cet enfant, batard, batard, il se serait rćveillć avec une mere et il Pćvoquerait bien qu’etant un batard; elle ne Pa pas garde» (Inf. Piersa).
Liubita, celle qui a jete son enfant aux chiens, est egalement morte sans laisser de descendants. Cependant, Pinfanticide n’est pas presente comme ćtant la cause du denouement malheureux de leur vie. Dans Pentretien, il est dit que Cruna aurait mierne fait de garder son enfant, meme si c’etait un enfant illegitime, car c’etait mieux que rien, mais a aucun moment cet acte n’est prćsentć comme un crime dont elle aurait a repondre devant une justice divine qui changerait son sort sur terre; la seule consequence est une mort penible. Quant a Pautre monde, le defunt Pintegre a la fin d’une sćrie de ceremonies funeraires dont la fonction est de le preparerala renaissance dans le monde des mortsoiil’enfern’existepas. L’homme mort devient pur, car selon la regle traditionnelle de la responsabilite collecti ve, ses crimes se transmettent a ses descendants qui en subiront les consequences de leur vivant. Ćtant donnę l’invulnerabilite des morts, la justice ne peut se faire que sur terre. L’infanticide n’est pas considere comme un crime qui peut perturber la vie de la lignee: avec Pavortement, c’etaitun des moyens pour reguler les naissances. Les deux femmes infanticides dont il est question plus haut, ne sont pas restees sans descendance a cause de leur acte, mais, au contraire, leur acte est peręu comme la consequence d’une malediction, et c’est cette malćdiction qui est la cause de leur oubli etemel (il n’y a personne pour les «evoquer», comme de Pextinction de la maisnie de leurs parents. A la fin de Pentretien, retranscrit ci-dessus, Pinformatrice conclu par ces mots: «Une malćdiction a conduit a ce que cela reste desert» (Inf. Piersa).
La justice divine, telle qu’elle existe dans la religion populaire, ne peut reprimer les infanticides; la societe ne peut le faire, non plus, car c’est sous sa pression que ces actes sont commis.
BIBLIOGRAPHIE
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