de la rebellion contrę les Peres143). Que les heretiques s’en prennent a eux, passe encore. Mais que des hommes instruits dans la soumission qu,on leur doit, ne sachent pas s’abstenir de ces „attaques sacrileges”, c’est une plaie a la discipline que 1’Eglise ne souffrira pas144).
La seduction qui menace les fideles est si grandę que la defense ne comporte point de delai. Des septembre de la meme annee Bossuet y tra-vaille de toutes ses forces145). Mais il est tellement accable de travail qu’il n’a jamais pu achever ce livre, destine a devenir un des piliers les plus puissants pour appuyer son oeuvre14,i). On ne s’etonnera pas de l’y voir regler son compte a l’exegete hollandais, par qui les sociniens „triom-phaient et faisaient la loi aux faux-critiques jusque dans le sein de TEglise”. On ne s’etonnera pas non plus que des maintenant, le confondant avec Richard Simon, il le considere comme le sapeur de la doctrine de Saint-Augustin, que tous les deux ne semblent relever que pour avoir plus de gloire a 1’abaisser. Or, — nous l’avons deja vu — qui s’en prend a Saint Augustin s’en prend toujours, selon lui, a la doctrine de TEglise. Voila pourquoi il execre Grotius, a la suitę de qui le parvis du tempie avait ete livre aux etrangers, et dont c’est la faute si des pretres leur en avaient meme ouvert Tentree147).
Et la lutte continue encore. Si jusque-la ses adversaires catholiques avaient vite battu retraite, desoles d’avoir eu le malheur de lui deplaire, en 1695 il en rencontre un qui ose lui tenir tete. L’archeveque de Cambrai rentraine dans la longue controverse epineuse sur le quietisme. Le sep-tuagenaire court d’une conference a 1’autre, fouille les in-folios des auteurs mystiques, ecrit des monceaux de lettres, et publie coup sur coup ses Instructions, ses Relations, ses Declarałions et ses Remarąues.
Ces travaux enormes ont de quoi accabler le vieillard. Pourtant ils n’epuisent pas ses forces. II parait vraiment infatigable. A peine laffaire du quietisme est-elle finie que TAssemblee generale du Clerge reclame son attention. II s’applique a y faire condamner les erreurs des jansenistes, dont les chicanes avaient fini par Timpatienter, aussi bien que la morale relachee des jesuites. Le Journal de son secretaire nous fait comprendre que toutes les conferences auxquelles il assiste et toutes les lectures qu’il fait cette annee-la pour preparer la condamnation des theses denoncees, demandent de lui un redoublement de travail. Le repos ne sera jamais sa part. Les evenements ne lui permettent aucune relache. En 1702 parait la
143) Defense de la Traditiony preface, CEuvres completesf t. II, p. 131.
144) Ib., livre X, chap. 1, Ib., p. 289.
145) Lettre d’Edme Pirot a Bossuet de sept. 1693, Correspondance, t. V, p. 454.
146) Laffaire du ąuietisme Ta empeche de le publier. II y travaille de nouveau en juin et en juillet 1703, mais le livre ne parut qu’apres sa mort (Journal de Ledieu, t II, p. 100-101, 104, 107, 109, 113, 114, 156).
147) Defense de la Tradition, livre VI, chap. 7, Qiuvres completes, t. II, p. 225.
46