164 Jan J. Milewski
sur le rythme et 1’ampleur des changements, alors que ceux de la seconde etudieront les processus k la lumióre des phenomónes de classe et de 1’accentua-tion des conflits sociaux par suitę de Fapparition et de la formation de la structure par classes.
Quelle que soit la mćthodologie utilisee, il parait indispensable, pour la qualitć de 1’ensemble du travail, de l’appliquer avec souplesse, sans cesser de prendre en consideration tous les facteurs sociaux et economiques qui deter-minent la specificite des differentes cultures africaines. Les historiens qui etudieront les processus mentionnes dans la section 3 devraient, autant que possible, se servir des acquis des autres disciplines des Sciences sociales — socio-logie, ethnologie, etude des ideologies, psychologie, etc. Seule cette approche trós ouverte peut eviter a 1’auteur de tomber dans le piege des distinctions rigides entre societes « modemes » et societós « traditionnelles », et des subdi-visions en « classes » ou « groupes » « fermes », « stabilises », etc. En dehors de certains cas trós spćcifiques, il semble que dans tous les pays africains les processus de stratification et de transformation sociales soient loin d’etre achevćs (ou le seraient-ils d’ailleurs ?). II convient donc de centrer 1’analyse sur la multiplicitó des relations rćciproques et des liens d’interdćpendance crćes par les processus ótudićs dans les societós considćróes.
Sans perdre de vue les suggesdons formulees ci-dessus, je pense que nous devrions nous demander si le dćveloppement de l’Afrique a partir de 1935 peut etre analysó sous 1’angle du developpement du capitalisme. Deux remarques prealables s’imposent.
En premier lieu, les historiographes africains ne sont pas les seuls k eprouver des reserves k 1’egard de 1’analyse qui assimile le dćveloppement economique i la formadon du capitalisme. Comme nous le savons, le concept de capitalisme a eu jusqu’ici trós mauvaise presse parmi de nombreiu historiens europćens. Beaucoup se refusent k ćtudier le sujet et ćvitent meme toute utili-sation du terme. On pourrait citer nombre d’ouvrages sur 1’histoire economique de 1’Europe au xixe et au xxe siócle oii le mot de capitalisme n’apparait pas une seule fois. II en va tout autrement, bien entendu, du terme et du concept de Capital. L’attitude des historiens europóens dans ce domaine a influencć nombre de leurs collógues africains. II existe encore bien peu d’histoires ćconomiques des pays africains, et le terme de capitalisme y figurę trós rarement.
En second lieu, il ne faut pas perdre de vue la question de 1’origine natio-nale du capitalisme, qui revet une importance considerable dans le cas de l’his-toire de l’Afrique coloniale. Si nous sommes d’accord pour employer le concept