Version du Nouveau Testament de Trevoux. Derechef le gardien de l’orthodoxie entre en lice contrę Richard Simon. Quelques mois plus tard il lance contrę ce theologien audacieux sa premiere Instruction sur la Version du Nouveau Testament imprimee a Trevoux. II veut frapper encore un deuxieme coup pour en finir avec cet auteur qui, denue de 1’esprit de charite et de paix, „n’a songe dans ce dernier livre, non plus que dans ses critiques precedentes, qu’a mettre aux mains les saints Peres les uns contrę les autes, principalement sur la matiere de la grace et du librę arbitre: pernicieuse invention des demiers critiques”148). N’est-ce pas precisement sur ce point-la que le ministre Basnage vient de ren-cherir sur Jurieu? II a defie M. de Meaux de prouver que les Peres grecs et latins d’avant saint Augustin ont toujours enseigne la meme doctrine sur la grace. L/enjeu est Capital: en cas de reussite le ministre reconnaitra la verite des maximes posees par Bossuet; en cas dechec celui-ci devra reconnaitre Tinutilite de son Histoire des Variations'149). L’eveque ne craint pas de relever le gant qu’on lui a jete. Mais ces nouveaux theolo-giens lui rendent la tache de plus en plus lourde. Peu s’en faut qu’a cause de leurs hardiesses son oeuvre ne s’ecroule. II compose une seconde Instruction et lannee suivante nous le voyons qui travaille de nouveau a sa Defense de la Tradition, que cette fois non plus il ne peut achever. Et sous les decombres de Toeuvre de Simon il va enterrer encore Grotius, qu’il considere comme le mauvais genie du prieur de Bolleville. Comme, a son avis, les commentaires et les autres ouvrages du savant hollandais repan-dent 1’erreur partout, il va ecrire sur lui une Dissertation preliminaire qui sera ,,de la derniere consequence” 15°). Le 8 mars il a deja mis la main a la charrue 15J). Malgre ses soixante-quinze ans il se remet a Tetude. En 1701 il avait commence a parcourir de nouveau tous les ouvrages de Grotius152). Maintenant il examine encore une fois les textes afin de se documenter aussi serieusement que possible. Ce qu’on peut le moins lui reprocher, c’est d’avoir juge son adversaire sans avoir pris connaissance de ses oeuvres153). S’il s’est trompe neanmoins, la raison en est plutót dordre
148) Preface a la Seconde Instruction, CEuvres completes, t. II, p. 98.
149) Cf. son Histoire de YEglise depuis Jesus-Christ jusqu’a present, 1699, t. II, p. 1525.
15°) Lettre a P. de la Broue du 29 mars 1703, Correspondance, t. XIV, p. 64.
151) Journal de Ledieu, t. II, p. 45.
152) Ib., t. I, p. 257.
153) C’est ce que Broere semble suggerer, o.c., p. 48-60. Mais Ton sait que Bossuet etait un travailleur scrupuleux et exigeant (cf. entre autres H. de Lacombe, Sur la Dizńnite de Jesus-Christ, p. 66-70; Ferd. Brunetiere dans Etudes critiąues sur YHistoire de la Litterature franęaise, t. VII (1930), p. 138 sq.). Parmi les notes manuscrites de Bossuet qui nous ont ete conservees, notes qu,il a prises au cours de ses lectures, on trouve des extraits de Grotius. (A. Rebelliau, Bossuet historien du protestantisme, p. 153 notę 1, p. 154 notę). Le no. 50 du Catalogue des livres de la bibliotheąue de messieurs Bossuet est Hugonis Grotii opera omnia, Amst., 1679,
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