De la theorie k la
pratique sous la plu
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e de Michel Pintoin: quelquej
En generał, le resume que donnę Michel Pintoin de ces discours tient en quelques ligne ou, tout au plus, en quelques pages. D arrive pourtant, exceptionnellement il est vrai, que 1< chroniqueur rapporte un discours de maniere plus detaillee. Parmi les quełques cas qui meriten une analyse plus approfondie, nous en avons retenus trois. Nous avons deja fait allusion au? deux premiers: il s’agit de la "Justification" du duc de Bourgogne Jean sans Peur, prononcee i Paris par ie theologien Jean Petit le 8 mars 1408, et de la refutation solennelle de ce discour par Thomas Du Bourg, abbe de Cerisy et porte-parole de la partie adverse, le 11 septembn suivant. En troisieme lieu, nous examinerons le discours par lequel Guillaume Saignet ambassadeur et porte-parole du parti armagnac, a ouvert les conferences de paix de Pontoise ei juillet 1413. A chaąue fois, apres avoir rappele brievement le contexte evenementiel, nou: analyserons la structure formelle du discours ainsi que les procedes rhetoriques employes pa 1’orateur, pour etudier ensuite 1’adaptation qu’en donnę le Retigieux.
Apres avoir admis, en presence des princes du sang, qu’il etait responsable du meurtre di Louis d’0rleans, survenu le 23 novembre 1407, Jean sans Peur avait du quitter precipitammen Paris pour se refugier dans ses terres de Flandre. Pendant les mois suivants, alors que dans li capitale les parents et les allies de la victime demandaient qu’on poursuive et qu’on punisse li coupable, le duc de Bourgogne entreprit, avec l’aide de ses conseillers, de justifie publiquement cet assassinat politique. Entre decembre 1407 et fevrier 1408, des apologies di son crime furent prononcees successivement a Gand, a Amiens et a Arras. EUes etaient le frui d’un travail collectif auąuel avaient notamment participe, outre Jean Petit, 1’abbe de Moutiers saint-Jean et le theologien Pierre Aux-Boeufs. Michel Pintoin ne parle pas de ces troi: discours, dont le texte est aujourd’hui perdu. Le 28 fevrier 1408, Jean sans Peur rentrait dan Paris en appareil de guerre, escorte d’une veritable armee. Le 8 mars, il confiah a soi conseiller Jean Petit le soin de parachever sa justification, lors d’un seance solennelle tenue ei l’hótel royal de Saint-Pol: en plus des princes, 1’assemblee comptait des nobles, des prelats, de
Longire, dir.), Paris, Editions du CNRS. 1981. pp. 197-209; J. Longere, La predication medievale. pp. 177-202 Voir egalement J. J. Murphy. Rheioric in ihe Kiiddle Ages, pp. 342-343.