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sur les textes de l’Ecriture et sur le fait que seule ta preuve testimoniale etait de droit naturel. De plus, le caractśre pratique que rev§t le tśmoignage pour une population majoritairement illettree qui se mefie de 1’ecrit ne doit pas etre nśglige. Toute la peur du faux a Tepoque semble encore centrśe sur 1’ecrit alors que le tśmoignage orał n'est pas Tobjet des memes mefiances.171
3.3. L'expertise
Des experts peuvent aussl etre appeles a se prononcer sur 1’accusation. Joseph Shatzmiller notę en effet dans son etude sur /es "mśdecins et expertises medicales dans la ville medievale: Manosque 1280-1348" qu'en "principe l'expertise medicale devait aider la justice a formuler un jugement sur une affaire".172 En effet, l'expertise s'apparente avant tout ś une aide, a un conseil donnę a (a cour, etle serait en ce sens plus une credulitas qu'une preuve. Les expertises fournies a la cour de Manosque sont surtout de naturę medicaJe.173 Encore rares a la fin du Xllle siecle, les diagnostics fournis par les sages-femmes, chirurgiens et medecins augmentent au dśbut du XIVe siecle.174 Concernant les expertises mśdico-legales faites pour la cour manosquine, Joseph Shatzmiller notę qu’elles sont generalement presentees par les medecins traitants. Ainsi, au •71 Ces observations sur la preseance du tśmoignage ora/ sur 1'ecrit slnspirent largement de la reflexion presentee par J. Ph. Lśvy dans son ouvrage sur La hiśrarchie des preuves, p. 101-105 et de Touvrage de Paul Zumthor, La fettre et la vo/x: de la llttórature mśdiśvale. Paris, Śditions du Seuił, 1987, 346 p.
172Joseph Shatzmil/er, "Medecins et expertises medica/es dans la ville medievale: Manosque 1280-1348", Vie privśe et ordre public ś la fin du Moyen Age. £tudes sur Manosque, la Provence et !e Piśmont (1250-1450)% Sous la direction de Michel Hebert, Universite de Provence, Aix-en-Provence, 1987, p. 105.
173Aucun autre type d'expertise n'a ete retrouve pour toute la seconde moitie du XIUe siecle. En 1309, deux tisserands sont appelśs a se prononcer sur des etoffes. Dans son memoire sur la dśłinquance fśminine a Manosque, Andrśe Courtemanche relate cette affaire et dśnombre huit expertises faites par des femmes a la cour seigneuriale entre 1280 et 1330, "Regard sur la femme medióvaleu, p. 37-38.
174Joseph Shatzmiller fait remonter la premiere expertise medicale ś Manosque a ran 1280, soit neuf ans avant la prem/śre expertise connue pour Bo/ogne, Mśdec/rre et Justice en Provence Mśdiśvale, Documents de Manosque, 1262-1348, p. 39-40. L'auteur fait rśfśrence aux travaux d‘Herman Kantorowitz.