40 LA V0IX DC SAINT-COBBNTIJf
(suitę}.
A PRES LA RĆYOŁUTION
La Rćvolution avait nationalisć la maison de la Psalette ct les rcntes qu’y avaient attachies la fondaUon ćpiscopale ct la gćnćnositć des bienfaiteurs. La paroisse dc Saint-Coren-tin dut subvenir dćsormais 5 Fentrctjen de la Psalelte.
Le recrutcment se taisait parni i les enfants de 1’ecołe -comoiunale, ternie par les Frdres de Saint-Jean-Baptiste de La Sallc,. dans la ruc du Lycće. Les classes de chant avaient lieu ń 1'ćcole meme et le maitre dc musique y donnait ses lcęons a 8 choristes qui assuraie.nt, yers 1850-1860, les diyers ofGccs de la Cathedrale, sous la direction d’un maitre dc grammaire, le « Frere Fanchon ». Quelques annćcs plus tard, les classes de cbant eurent lieu dans la grandę salle de la sacristie haute, ou elle se tonł encore de nos jours.
Panni les. maitres de musique de ce temps, mcntionnons M. Lack, ou « lc Pćre Lack >., comme on 1’appelait communć-ment. Pendant 36 ans, il tint 1’orgue de cbóeur .i la Calhe-drale et enseignait le chant aux. grands sćminaristes et aux petits choristes. M. Lack ćtait bon pire de familie, nous dit M. le chanoine Lc Borgne, inais trLste professeur.
A cette ćpoque, d^illeurs, le vćritable rythme gregorien ćtait ignore, comme en font foi les manucls employes. Lc Romanlisme musical avait gravemenł iniluć sur Ja musique d’Eglise. Les grands maitres dc 1’art rcligieux des xvr ct xvji* siecles, les Ralestrina, YitŁoria, etę..., les grands classi-ques comme Bach et Hcendel etaient dćlaisses et la musique profane, les airs d’općra ^malencontreusement adaptćs aux cantiques. populaires et. aux poesies religieuses avaient envahi tribunes ct lutrins et y regnaient en maitres incontestes.
A la Cathćdrale^.4 ehautres, solides en voix, alternaient avec les choristes poar' le chant des offices. On ne peut passer sous silencc le nom du «Pere-Ronel» (grand-pfcre de >1. Ronel, notre conseiller municipal actuel), tailleur pour ecclesiastiques, dont la belle voix, ełoflfće, sonore et yibrante, est restće legendaire. II quitta la Cathedrale pour 1'eglise de Saint-I.ouis de Brest. Signalons aussi le « Pćre Marie! », mai-tre charpentier, a la voix rude, qui pendant plus de 40 ans assura le chant des offices au choeur.
F)e la pleiade d’enfant& qui se succMerent sur les banes de lat maitrise, de .1-850 a 1370, nous ne connaissbns desor-mais plys qu?un: seul survivant, c?est M. Qucrsy, ancien dicec-leur de Tlmprimerie Cornouaillaise, un bon et ven.eraWe
*vieillard, toujours akrte, qui park avcc plaisir de ses sou--venirs de petit choriste. La purete du limbre de sa voix en 4ivait fait unc «yedette» de Pepoquc, et łe < Pere Lack > •aimait bien le faire cntendre conune solistę. 11 chanta la der-niere fois, comme soprano, a la Cathedrale, A 1’occasion de 1’enterrcment de Monseigncur Sergent, ou il altema les stro-phes du Dies irce et du Libera avec M. 1’abbć Berthelon, ■Yicaire, a la voix douce, suave et hannonieusc.
• Un Rćnoyateur
C’est en 1882 qu’arrivait a la Cathćdrale, comme diacrc, "M. 1’abbó Le Borgnc ; par un travail mćthodiąue et persćvć-rant, il sut donner a la Psalctte une impulsion nouvelłe. II fut ćgalement dans łe diocóse l’un des premiers promoteurs •du chant gregorien qne les moines de Solesmes youlaient remcttre en honneur dans sa vćritable fonne primitive.
Voici de quelle faęon humoristique et plaisante, M. 1’abbe "Le Borgne, dcvenu chanoine titulaire, raconte lui-memc ses •debułs a la Cathćdrale :
« Or, un dimąnche, i la Cathćdrale, 1’organiste du pctii^ •orgue, M. Lack, bon pere de familie mais triste professeur, me supplia de le remplacer pour donner au d:«fij^ Kintona-•tion de 17/e Missa est : il voułait s’echapper du chteur pour ■aller & sa villa du Ris, pres Douarnenez. J'eus la faiblesse de •ceder, et -toute ma vocatioa grćgorienne est sortie de ccłte •crreur.
:Ordonne diacre, je fos placć i Saint-Corentin «pour •confesser les pćcbes veniels>, au dire de pieuses personnes.
Hfgr Nouvel m’avaił dit:
— -Vous sercz organistę a la cathedrale pour remplacer IM. Lack ; depuis 30 ans ii enseigne le chant aux semina-Tistes et auxenTants de chceur.
.Je proteśtai dc toutes mes forces :
— "Mais, "Monseigneur, je ne sais rien, ni en .plain-chant -ni cn musiqne !
— Eh ! bien, -vous apprcndrez. Quand les gens ne savent pas nager, on les jette h Teau ct iis nagent.
— ... Ou bien ils se noient, Monseigneur.
— Avec le curć que vous avez la, vous ne vous noicreż pas. Allez immćdiatement vous mettre ii la disposition de !M. de Penfentenyo.
— Monseigneur, ne mtf demandez pas 1’impossible.
— Eh ! bien, allez-vous-en...
Ee lendemain, il me rappela.
Le surlendemain, notwcl assaut. Je m’inclinai, plus mort «jue vif. .