Le mouvement de protection du patrimoine bati se revćle etre un terrain d’etude privilćgie des rapports qu’une communautć entretient avec son passć. Abordant cet aspect sous fangle d’une communautć locale, nous avons pu observerla forte correlation entre la construction d’une memoire locale specifiąue, la preservation des traces du passć dans l’en vironnement construit et I 'edification d’ un haut lieu de commemoration de ce passć officialisć. Ces trois phenomenes nous sont apparus etre autantd’etapes fondamentales dans la construction d’une identite locale specifique. Nous avons d’abord observć que, malgrć des differences notables dans 1’interprćtation du passe presentee dans les principales monographies d’histoire locale, celles-ci semblent avoir fortement influence cette mćmoire officielle. Certaines representations communes se sont en effet imposees. consmiisant un recit basć d’abord sur quelques symboles d’une epoque glorieuse. Les annees de prosperitę sont ainsi associees au temps de Fraserville, <i 1’industrie florissante, au tourisme de villegiature, a une classe d'entrepreneurs dynamiques, mais aussi a une ćlite traditionnelle ou figurent en tete de listę les seigneurs Fraser. Ces representations du passć louperivois beneficjent d’une diffusion importante, notamment par le succes des monographies locales, la tenue d’expositions historiques et de fetes commemoratives.
Ce recit collectif, et les images du passe qu’il vehicule, sous-tend le mouvement de protection du patrimoine local qui dćbute a la fin des annees 1970. D’abord menee par des groupes de citoyens dans uneperspective micro-regionale, lamunicipalitćs’implique a panirdu dćbutdes annees 1980, favorisant des interventions dans un cadre strictement local. En effet. on voit se reconstruire un nouvel espace identitaire: la ville. Sollicitee par les citoyens et influencće par la tendance i la decentralisation de la gestion de la culture et du patrimoine, Tadministration municipale y voit 1’occasion de renforcer l’image distinctive et prestigieuse de la ville dans une perspective de developpement touristique d’abord, mais aussi progressivement en fonction de 1'appartenance des citoyens k 1‘espace urbain. Pour ce faire, on met d’abord 1’accent sur la misę en valeur de monuments ćvocateurs d’un passć glorieux. L’ćlargissement de la notion de patrimoine dans les annees 1980 permet ensuite de donner aux interventions des portćes plus globales, qui en viennent a inclure I 'ensemble du paysage caractćristique de la ville dans les interventions. Mais, malgrć cette ćvolution de la notion de patrimoine, on privilćgie toujours la preservation de symboles mythiques du passć local, notamment dans les projets entourant le «quartier des Ambassades» ou le manoir Fraser.
Le manoir Fraser benćficie d’une attention particuliere des les annćes 1970, alors que certains de ses occupants sont 1’objet de commemorations diverses. Ayant conservć une signification