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ąualite par une action de transmission et d’appropriation¹⁷. Pour ce faire, iis proposent une «deconstruction» da processus de patrimonialisation en partant de 1’objet inscrit dans la mćmoire. Ainsi peut-on intćgrer l’intervention patrimoniaie dans un phenomćne de construction du Iien social et symboliąue, auąuel doit participer le spćcialiste du passć comme le rappelle Jacąues Mathieu¹⁸.

L’etude de la construction de mćmoires locales a fait 1'objet d’un interet particulier en ethnologie, notamment les etudes utilisant le concept de localisme. Les travaux d’Eric Schwimmer demontrent que le localisme repose sur des personnes designees comme des «sujets locaux»,qui detiennent des savoirs particuliers constituant leur «connaissance locale». Cette connaissance ne serait accessible a l’observateur que par la lecture des signes produits par les sujets locaux. L’histoire locale - ou plutót le mythe local qui s’en inspire - fait partie aussi des signes disponibles aux sujets locaux. Les etudes de Schwimmer sur la fete populaire en Mauricie ont demontre que les festivals de chaque localite ont une symbolique et une conscience historique distincte. L’etude de Bernard Cherubini sur le localisme dans le village de Grandes-Piles a mis en lumiere un espace mythique qui, par 1’edification d’un dispositif symbolique compose de lieux ou de monuments. construit une identite collective. Cette ćtude met en lumifcre l’existence de deux niveaux de memoire: 1’histoire des archives, ecrite et officielle. et les idćes que se font les gens de la place, se fondant sur les traditions orałeś. L’histoire des historiens constitue un systeme de construction de 1’image du village, base sur des personnages clds et des evćnements marquants. Ces historiens s’accaparent la memoire du village au nom de la communaute, reconstituent 1’histoire a leur faęon et fabriąuent une mythologie commune, une historiographie officielle¹⁹. Cherubini s’est aussi attarde aux rapports entre les identites locales, nationales et globales a travers des commemorations, des expositions et des evenements qui expriment une historicite locale. L’etude de cas en Acadie et en Mauricie permet de «resituer les mćcanismes de construction de 1* identite locale en fonction de territoires englobant, de subdivisions intemes et d’une histoire globale a partir de laquelle on a pu construire ses propres signes d’appartenance en fonction de dynamiques identitaires»^ai. La misę en lumiere de pratiques museologiques orchestrees par 1’Etat quebecois

¹⁷ Michel Rauteberg, «L’ćmergence patrimoniaie de 1’ethnologie: entre mćmoire et politiąues publiques», dans Dominiąue Poulot. dir.. op. cit., pp. 279-290; Mauro Peressini, «Un amhropologue au rmisće», dans Franęoise Romaine-Ouellet et Claude Bariteau, dir., Entre tradition et universalisme, Qućbec, IQRC, 1994, pp. 514-534.

'* Jacąues Mathieu, «L’institution patrimoniale», loc. cit.

¹⁹ Bernard Chćrubini. Localisme, fetes et identites. Une trawersie ethno-festives de la Mauricie, Quebec, Paris, L’Harmattan; Moufia, Universitć de la Rćunion, 1994,336p.

³ Bernard Chćrubini, «LocaJisme, territoire et dyamiąues identitaires», dans LaurierTurgeon, dir., Les entre-lieux de la culture, Paris/Ste-Foy, L’Harmattan, P.UI~, 1998, pp. 57-83.