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therlant, laquelle «aprós celle de la guerre et de la tauromachie, venait renouveler son inspiration.»m Raimond reconnait que La Rosę de Sabie est «le premier grand roman social et objectif de Montherlant.»182 Mon-therlant n’est pas adepte de la doctrine du peuple latin de Bertrand ou Randau, il est loin aussi du mysticisme d’Isabelle Eberhardt:
II etait attire en Afrique du Nord par le climat, l’exotisme et les diverses facilites de vie qu’il pouvait y trouver. II residait la plupart du temps dans de grandes villes, en particulier Alger et Tunis. Mais il s’aventurait aussi dans des postes avancćs du Sud. II etait de toute faęon en contact avec les indi-genes, il connaissait leur genre de vie, il devinait leur mentalitć. II s’interes-sa au fait indigene, en vint a s’interroger sur les “bienfaits” de la prćsence franęaise.183
De ces rencontres naft son roman, trop audacieux pour l’epoque de l’Exposition Coloniale k Paris ou pour le Centenaire de la conquete de 1’Algerie. Montherlant commence ses voyages en Afrique a partir de 1925, donc a une datę ou, comme le rappelle Raimond, il rompt avec le milieu litteraire de Paris pour choisir une vie librę qui lui permet de se consacrer a Pecriture et a «la chasse amoureuse». L’univers de La Rosę de Sabie est surtout celui d’Auligny confrontó aux indigenes mais aussi celui de Guiscart, son ancien ami franęais devenu peintre qui passe la plupart de sa vie en Afrique ou il peut exercer librement, comme Montherlant, sa chasse amoureuse. Cette perspective impose immediatement le type de relation «colonisateur-colonise» qui formera l’axe principal du livre; un defi pour un jeune lieutenant sensible, ou un pretexte pour une dispute intellectuelle pour Guiscart. Le roman est compose de deux parties : Les cueilleuses de branches et Mission providentielle ce qui souligne mieux l’evolution des idees coloniales d’Auligny : une simple liaison avec une petite bedouine le mene a un changement radical de ses idees sur le colo-nialisme ce qui prouve le caractóre anticolonialiste de l'ouvrage. Le jeune Auligny debarque a Tanger qui n’est qu’une ćtape dans son periple vers le Sud marocain ou il aura son poste. La premiere rencontre avec le monde nord-afiicain rev61e tous les prćjugćs et les obsessions que le jeune Lucien a importes avec lui en Afrique. Assis a la terrasse d’un cafe espagnol, il
1,1 M. Raimond, Les Romans de Montherlant, Paris, Sedes (Socićtć d'ćdition d'enseigne ment supćrieur), 1982, p. 115.
Ibid.
,w Ibid., p. 114.