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crime irrśflśchi "ausu temerario", s'ajoute celle de la crainte de Dieu "timore Dei postposito". Avec les annśes 1310-1320, des delits de sorcellerie apparaissent et annoncent le changement de climat social du milieu du XIVe siecle. Des delits de naturę diverse sont, des lors, parfois associśs a i'inspiration du demon. Les infractions ainsi qualifiees ont sans doute particuliórement choque la population et Cimputation implicite du delit au diabfe devait inconsciemment permettre de garder confiance en )a valeur des membres de la communaute. Nous sommes peut-etre egalement en presence des premieres manifestations de l‘evolution de Poffense judiciaire vers Pidee de peche associś ś la penetration du religieux dans le judiciaire qui se presente plus particulierement dans la seconde moitie du XIVe siście. De plus, puisqu’il s’agit somme toute d'une formulation inscrite par le greffier, il ne faut pas negliger I'influence possible d'une nouvel!e generation de notaires dont l'arrivśe au greffe de la cour coincide toujours avec 1'introduction de certaines nouveautes. La decennie 1310-1320 est en effet marquee par l'arrivee d’au moins deux nouveaux notaires: P. Aymerici, et Laurent de Bologne dont le nom suggere peut-etre le lieu d'origine de ses etudes.1
Dans le cadre de la dśfense en justice, 1'analyse de la documentation disponible a d’abord ete orientee vers des textes de defense proprement dits, mais les reflexes de defense exprimes par la population sont egalement perceptibles a d’autres temps du proces. L'inculpe foumit souvent a la cour ses explications et ses justifications a Tinterieur meme de son interrogatoire. II conteste alors la legitimite de la poursuite et le resultat obtenu est parfois probant: 1’accusation tombe. La volonte de se defendre en justice s’exprime donc spontanement. Elle est souvent motivee par la nścessitś de defendre son honneur. On doit repondre rap/dement a celui qui nous accuse d'etre un voleur ou une femme de mauvaise vie. La reponse alors formulee a 1'accusateur vise d'abord a dementir ses propos ce qui a pour effet de traiter son interlocuteur de menteur; accusation suffisamment grave pour faire elle-meme 1'objet d'une
Voir chapitre premier, p. 47-48.