cette methode et de montrer 1’originalite qui doit etre celle de la synthese geogra-phique. Le risque majeur est de ramener la synthese a une encyclopedie. Ce danger est particulierement important en ce qui conceme la geographie regionale. On com-mence d’ordinaire la presentation d’une region ou d’un pays par sa geologie, son relief, et on la termine par les problkmes eco-nomiques ou par 1’analyse du commerce exterieur ; entre ces deux extremites, tous les « tiroirs » de la geographie physique, de la demographie, de 1’economie sont succes-sivement ouverts et vides de leur contenu propre. Une telle somme de connaissances n’apporte pas, pour autant, une vue geo-graphique de la region. L’originalite de l’en-seignement geographique repose sur l’ana-lyse des relations entre les phenomenes. Au lieu de les considerer isolement, le geographe doit montrer que tous ces faits sont inter-dependants, se combinent entre eux des manieres les plus diverses.
Chaque fait geographique procede non pas d’une cause unique, mais d’une serie de causes ; par exemple, le relief est le resultat de systemes d’erosions souvent varies dont 1’action s’est exercee sur une certaine struc-ture geologique ; le volume des eaux d’un fleuve et ses variations saisonnieres dependent de quantite de facteurs geologiques, pedologiques, climatiques, topographiques.
Les eleves doivent etre progressivement amenes a cette idee de la complexite des faits qui apparaissent simples et des relations qui existent entre ces faits. Cependant, la synthese geographique n’acquiert toute sa valeur que lorsqu’elle revele les interde-pendances entre les faits naturels et les faits humains, les relations qui existent dans les deux sens ; elle montre alors quelle est la part de 1’homme et quelle est la part de la naturę dans les caracteres des faits etudies, dans leur explication.
En geographie generale, a cause des multi-ples emprunts faits k des disciplines voi-sines, on observe souvent une tendance a sacrifier la description des faits k leur expli-cation. A propos de 1’etude des climats, par exemple, on developpera Tanalyse de la circulation atmospherique au detriment des donnees climatiques concretes ; or cette etude n’a de valeur geographique que dans les consequences climatiques de cette circulation atmospherique : temperatures, preci-pitations, saisons, ecarts par rapport a la moyenne, types de temps.
De meme, a propos de 1’etude du relief, les progres de la geomorphologie risquent d’ame-ner a developper les processus du relief et a decrire trop brievement les types et les formes de relief.
Pour etre veritablement « synthetique », cette conception de la geographie doit etre orientee vers une fin precise et non pas seulement vers la connaissance globale d’une region. Cette finalite se trouve dans la description et l’explication des paysages des differents milieux geographiques, naturels ou humains quc Ton trouve sur la sur-face de la terre.
On peut dire que la presentation d’une region n’est pas reussie si les el&ves n’en « voient » pas les differents milieux et paysages et s’i!s n’en connaissent pas les causes et les transformations. De meme, en geographie generale, les eleves doivent compren-dre la place et le role du phenomene etudie dans la constitution de tel milieu ou tel paysage.
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