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elements «structurent le texte imagologique»,247 etant surtout attentive a toutes sortes d'oppositions entre Je vs 1'Autre qui deviennent la relation fondamentale dans le texte exotique ou colonial.
Dans tous les textes dont nous nous occupons, la rencontre de l'Autre s'accomplit sur le territoire nord-africain, donc a premiere vue ćtranger a tout explorateur venant d'Europe : cette situation peut naitre des valorisa-tions de ces Iieux, lesquelles dćpendront du modę particulier et personnel de percevoir 1'autre.
Louis Bertrand, restant fidele a l'idće de reconqućrir l'Afrique latine a 1’aide de «races nouvelles», transformera Alger en un immense chantier ou se cótoient des peuples diffćrents qui ont pour but de creer «du nouveau», negligeant ouvertement le patrimoine autochtone. La dichotomie «modeme/ancien» trouve son ćquivalent spatial «lumiere/ombre», ainsi
Ramon [...] s'engagea dans les ruelles arabes qui joignent la rue de Chartres a la rue Bab-Azoun. Les tambourins tonnaient continument dans les cafes maures. Des chansons apres et gutturales se tralnant sur des airs d'eglise dechiraient la rumeur de la ville. Brusquement la pćnombre de la ruelle cessa, et Ramón ćmergea & la lumiere crue des restaurants et des cafes europćens. La rue de Chartres apparut avec ses bars et ses claque-dents pleins d’hommes et de cris.248
«La fievre de construction» se conjugue ici bien avec le caractere mouvemente d'une foule bariolće de jeunes gens qui batissent 1'Alger modernę dont les rues principales portent des noms franęais: le boulevard de rimperatrice, la rue d'Isly; par contrę, «du cótó des cairieres de Bab-el-Oued, c'etait un mouvement perpetuel de lourdes galeres, chargees de mate-riaux.»249 Les matćriaux viennent donc du cóte indigene, presentćs dans leur formę crue, ils devront subir un processus de modification en vue d'ćlever 1'Alger modeme ou plutót 1'Alger franęais avec toutes les subtilites de 1'architecture europćenne, franęaise. Juste au debut du Sang des Races, 1'espace est decoupe en deux : ce premier espace lie directement avec la culture franęaise et avec tout ce qu'elle comporte, se traduit par la luminositć et 1'ćlógance des quartiers franęais, leur raffinement et leur beautć irrćelle : 147 Ibid.
24,1 L. Bertrand, Le Sang des Races, op. cii., p. 16. 24’ Ibid., p. I.