3 Sur quelques « mod&les * livresques 173
Ensuite, Nicolay traduit consciencieusement le texte de Bassanoouil s'a-git d'une conversation /vraie ou non/ avec un « delly» a Andrinople (p. 267). Maintenant, la manierę de presenter le sujet change totalement, 1’auteur ayant sous ses yeux une piśce qui lui rappeUe sespropres impressions — une gravure representant un « delly a cheval ». Par consćąuent, le voyageur fran-ęais abandonne le texte de Bassano en dćcrivant les vfitements de son per-sonnage d’apres sa propre gravure. La situalion est — a notrc avis — signi-
ficative: quand la memoire est aidee par des pieces odginałeś 1’auteur abandonne le modćle livresque.
Quant a Belon du Mans, il suffira d’observer seulement quelques ćchos de son ouvrage 6, prćsents dans « Les Navigations» de Nicolay.
Premierement il s’agit d’un fragment sur la «Moderne religion des Ar-mćniens » dans lequel Nicolay n'a htilise que quelques informations de Belon, la plupart des details ótant empruntćs a un autre modele que nous ignorons 7, Par consćquence, son recit est fragmentć et un peu contradictoire. Par exem-ple, 1'auteur dćclare tout d’abord: « Toutefois les cerćmonies des Armeniens chretiens scnt beaucoup diffórentes a celles de 1’Eglise romaine, et plus en-core k celle des Grecs» (L. IV; Chap. XIX, p. 237). Et puis:
Belon
« Les presti es des Armćniens sont mariez corrme ceux des Grecs et celebrent la messe en calice comme les Latins et sont revetuz de mes-mes oniemens de chappes et chaus-subles et ne consacrent pas en grand pain comire les Grecs, mais en petite ostie comme les Latins. Tous les assistans respondent au pres-tre en chantant en Armćnien /...) Quand le prestre des Armćniens dit l’Evangile, les assistans ont ac-coutoume de se baiser a dextre et a senestre en signe de se pardon-ner l’un a l'autre. Les assistans intendent le langage Armćnien que le prestre leur parle »
JL. III; Chap. XII; p. 397/
Nicolay
<( Leurs pr&tres sont mariśs, selon la libertć de l'Eglise Qrientalę et de celle des Ethiopiens (...) Ils celebrent leur office quasi a la modę de l'Eglise latine /szc//, non toutefois en latin, ni en grec, mais en leur langage armenien afin d'§tre sans difficultć mieux entendus des assistants, qui leur repondent en
la m&me langue vulgaire. Et quand ils se levent pour ouir l'Evangile se baisent en la joue en signe de paix et de reconciliation et font leur sacrement, comme nos pr§-tres sous la figurę d’une petite hostie, avec le calice de verre ou de bois 8 »> /ibidem/
0 «Observations sur plusierus singularitćz et choses mśmorables trouvćes en Grśce, Asie, Iudće, Egypte, Arabie et autre pays estranges... *, Paris, 1553, (Ire ćd.l. J’ai utilisć 3’ćdition de Paris, 1588.
7 Peut-etre la Cosmographie du Levant d'Andrś Thevet, mais cet ouvrage nous est k prś-■sent inaccessible.
8 En ce qui conerne la religion des Armśniens, Nicolay a certainement employś encore •d'auttes sources. Les fśtes annuelles, les saints vćnćrćs (notamment Saint Jacąues le Ma-jeur), leur rćgimede vie, la persistance des pratiąues magiąues, tous ces dćtails ont une tierce provenance que nous ne sommes pas capables d’identifier avec certitude.